Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc », dictateur et fils du dictateur haïtien Duvalier dit « Papa Doc », pourra être jugé pour crime contre l’humanité. C’est la décision de la cour d’appel de Port-au-Prince, vingt-cinq ans après les faits qui lui sont reprochés. Une victoire pour Robert Duval, célèbre militant haïtien des droits de l’homme emprisonné sans procès en 1975 dans la terrible prison de Fort Dimanche, où disparurent sans explication des centaines d’opposants sous le régime de Baby Doc. Duval, affamé et torturé pendant dix-sept mois, n’avait dû sa survie qu’à l’intervention d’Amnesty International et du président américain Jimmy Carter, en 1977. Depuis, Duval a sans cesse lutté pour la reconnaissance des victimes du duvaliérisme et de leurs familles et pour faire condamner les responsables.
Un « supplément d’instruction » a été demandé au juge Durin Duret Junior qui pourrait aboutir à l’interpellation, également, des « consorts, pontes du régime, jamais inquiétés jusqu’ici ». « Si Jean-Claude Duvalier venait à être jugé pour crimes contre l’humanité, ce serait le procès le plus important de l’histoire d’Haïti », a déclaré Robert Duval. L’actuel président Michel Martelly, en visite officielle à Paris au moment de ce jugement, avait proposé, au cours de sa campagne électorale, une amnistie pour les dictateurs Jean-Claude Duvalier et Jean-Bertrand Aristide.