Les pressions s’accentuent sur le président José Mario Vaz, elles pourraient conduire à un changement de gouvernement.
Dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, les élections ont souvent été présentées comme l’ultime solution aux différentes crises. Ce fut le cas après le conflit armé de 1998 – 1999, pendant la seconde transition entre 2004 et 2005 et plus récemment, durant celle de 2012 à 2014. Pour conjurer l’effondrement, après chaque choc politique ou coup d’État, un gouvernement d’union nationale a été mis en place avec, pour principale mission, l’organisation des élections. Or, même si elles favorisent le retour à l’ordre constitutionnel et le fonctionnement normal des institutions, les élections n’ont jamais stabilisé le pays, ou alors pas longtemps.
Désormais, ce sont les réformes qui sont vues comme la condition sine qua non d’une stabilité de longue durée. C’est en tout cas ce qui a été rappelé dans l’accord de Conakry, signé en octobre 2016 sous l’égide de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cet accord avait organisé la nomination d’un Premier ministre ayant la confiance du président, et la formation d’un gouvernement inclusif. Il prévoyait également d’organisation d’une table-ronde nationale destinée à l’adoption d’un pacte de stabilité. Les signataires s’attendaient à ce qu’il génère un consensus sur la réforme de la constitution, des lois électorales et du financement des partis politiques, ainsi que des secteurs de la sécurité et de la défense et de la justice.
Au sommet du 4 juin 2017, la Cedeao a donné au président José Mario Vaz et aux différents acteurs politiques un délai supplémentaire de trois mois pour mettre en œuvre l’accord. Faute de quoi, des sanctions pourraient être prises par l’institution panafricaine à l’encontre de tous ceux qui seraient considérés comme des obstacles et, dans la foulée, les soldats de la Mission de la Cedeao en Guinée Bissau (Ecomib), chargée de protéger le président de la république, le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale, seraient retirés du pays.
Il n’y a pas que la Cedeao qui fasse pression sur le gouvernement, il y a aussi les Bissau-Guinéens. Les grèves à répétition dans l’administration, les manifestations, la détérioration des conditions de vie affectent la popularité du président, tout comme les dissensions politiques qui pourraient conduire à la fin de la coalition qui l’avait soutenu lors de la présidentielle.
Tout ceci pourrait conduire au limogeage du gouvernement conduit par Umaro Sissoco Embalo, Premier ministre en poste depuis novembre 2016 et dont les décisions sont considérées, par la Cedeao comme par la classe politique, comme contraires aux accords de Conakry.