Les représentants au Congrès américain Tulsi Gabbard (Démocrate)* et Austin Scott (Républicain)*, tous deux membres de la Commission des Services Armés, ont déposé un projet de loi référencé H.R.4108 visant à mettre fin à la « guerre illégale » menée par les États-Unis pour renverser le président syrien de Bachar Al Assad. Tulsi Gabbard qui est un vétéran à double titre, a expliqué que le but de la loi était de « mettre fin immédiatement à la guerre illégale et contreproductive visant à renverser le gouvernement syrien d’Assad ». Selon la député, les États-Unis mènent deux guerres en Syrie. La première contre ISIS et autres extrémistes islamistes, qui a été autorisée par le Congrès après l’attaque terroriste du 9/11, la seconde, illégale, pour renverser Assad.
« La guerre visant à renverser Assad, dit-elle, est contreproductive car elle aide en réalité ISIS et les autres extrémistes islamistes à atteindre leur objectif qui est le renversement du gouvernement syrien et à prendre contrôle de toute la Syrie, ce qui augmentera automatiquement la souffrance humaine dans la région, exacerbera la crise des réfugiés et représente une grande menace pour le monde. Cette guerre est, également, illégale car le Congrès ne l’a pas autorisée ».
Selon Austin Scott, la première mission des États-Unis devrait être la guerre contre ISIS, Al-Qaeda et les extrémistes islamistes radicaux qui agissent à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie et de l’Irak. Ces groupes ont mené des attaques contre les alliés des Américains, dit-il, et menacent toujours notre pays. Cela représente un danger clair et réel pour nos citoyens, et je soutiens l’élimination de ces terroristes islamistes radicaux par tous les moyens nécessaires. » Œuvrer au renversement d’Assad en ce moment est « contreproductif », estime-t-il, également, et nuit à « ce que je pense devoir être notre mission prioritaire ».
Tulsi Gabbard a présenté dix raisons de mettre fin à la guerre visant le renversement du gouvernement syrien.
1- Parce que réussir à renverser le régime syrien, ouvrira la porte à ISIS, Al-Qaeda et autres extrémistes qui s’empareront de toute la Syrie. Il y aura un génocide et des souffrances d’une intensité que nous ne pouvons imaginer. Ces extrémistes s’empareront des infrastructures militaires et des armements de l’armée syrienne et seront plus dangereux qu’ils ne l’ont jamais été.
2- Parce que le renversement du régime syrien d’Assad est l’objectif d’ISIS, Al-Qaeda et autres extrémistes. Nous ne devrions pas nous allier avec ces extrémistes en les aidant à parvenir à leurs fins car c’est contre les intérêts sécuritaires des États-Unis et de toute civilisation.
3- Parce que l’argent et les armes que la CIA fournit pour renverser le régime syrien d’Assad vont directement ou indirectement dans les mains des groupes extrémistes, y compris les affiliés d’Al-Qaeda, Al-Nousra, Ahrar Al-Sham, et autres qui sont les véritables ennemis des États-Unis. Ces groupes représentent près de 90% des soi-disant forces d’opposition et sont les combattants les plus dominants sur le terrain.
4- Parce que nos efforts pour renverser Assad ont renforcé et continueront de renforcer la puissance d’ISIS et autres groupes extrémistes, en faisant ainsi une menace régionale et internationale plus importante.
5- Parce que cette guerre a exacerbé le chaos et le carnage en Syrie, et, avec la terreur infligée par ISIS et autres groupes extrémistes, continue d’augmenter le nombre des Syriens forcés de fuir leur pays.
6- Parce que nous devrions tirer les leçons de nos erreurs passées en Irak et en Libye, à savoir que les guerres américaines pour renverser des dictatures laïcs (Saddam Hussein et Mouamar Kadhafi) entraînent encore plus de chaos et de souffrance humaine et ouvre la porte aux extrémistes islamistes pour s’emparer de ces pays.
7- Parce qu’aux États-Unis, il n’y a aucun gouvernement ou chef de gouvernement crédible capable d’apporter ordre, sécurité et liberté au peuple syrien.
8- Parce que même le « meilleur scénario », c’est-à-dire le renversement du régime syrien par les États-Unis, nous obligerait à dépenser des milliards de dollars et des vies américaines dans la futile tentative de créer une « nouvelle Syrie ». C’est ce que nous avons essayé de faire en Irak pendant vingt ans et nous n’avons pas encore réussi. La situation en Syrie sera beaucoup plus difficile encore qu’en Irak.
9- Parce que notre guerre contre le régime syrien interfère avec notre volonté ostensible de guerre pour vaincre ISIS, Al-Qaeda et les autres extrémistes islamistes qui sont nos véritables ennemis.
10- Parce que notre guerre pour renverser le régime d’Assad nous place en conflit direct avec la Russie et augmente les possibilités de guerre entre la Russie et les États-Unis, ainsi que la possibilité d’une nouvelle guerre mondiale.
Détruire ISIS exigera des alliances internationales, explique Tulsi Gabbard. « Si nous voulons sérieusement battre ISIS et résoudre le problème des réfugiés, nous agirons en partenariat avec la Russie, la France et tous ceux qui veulent sérieusement détruire ISIS et ses organisations extrémistes affiliées dans le monde ».
Le problème réside dans le fait que les États-Unis essaient de renverser le régime syrien tandis que la Russie soutient le régime syrien, poursuit-elle dans son exposé à l’occasion du dépôt du projet de loi. « Il nous est impossible d’avoir une relation efficace, de coopération avec la Russie dans notre combat commun contre ISIS. Notre objectif de renverser Assad interfère avec notre capacité à détruire ISIS ».
« Nous devons immédiatement mettre fin à la guerre illégale et contreproductive visant à renverser le régime syrien d’Assad et nous allier avec tout pays ayant la volonté de cibler la destruction des extrémistes islamistes qui représentent une réelle menace pour la civilisation en générale », conclut Tulsi Gabbard.
Source : : https://gabbard.house.gov
* Tulsi Gabbart d’origine océanienne est représentante démocrate du deuxième district d’Hawaï au Congrès américain depuis 2013. Austin Scott est représentant républicain de Géorgie depuis 2011.
Traduction Christine Abdelkrim-Delanne