Les espoirs du Liban de voir les milliards affluer pour l’aider à supporter le poids d’un million de réfugiés syriens, soit près du quart de la population, ont été déçus.
e Groupe de soutien international, réuni mercredi 5 mars à Paris à grand renfort de caméras, s’est montré très avare en argent et très généraux en verbiage, exprimant son appui à la stabilité du Liban sur les plans politiques et sécuritaires. 40 millions de dollars seulement ont été débloqués pour venir en aide au Liban, alors que les besoins réels du pays, pour venir en aide aux réfugiés, se chiffrent à plusieurs centaines de millions de dollars, voire à plus d’un milliard. Vu la myopie politique des dirigeants libanais, ce soutien à la stabilité est quand même le bienvenu, pour leur inciter à lever les obstacles qu’ils s’entêtent à placer devant leurs propres institutions, comme par exemple la polémique inutile provoquée par les attaques sans précédent du président de la République contre la Résistance, qui ont retardé la rédaction de la déclaration ministérielle.
En effet, les milieux du Premier ministre Tammam Salam n’ont pas caché leur mécontentement vis-à-vis du discours du président Sleiman, «qui est tombé au mauvais moment, alors que les membres de la commission de rédaction étaient engagés dans des négociations difficiles pour trouver une formule de compromis». Même les milieux du Courant du futur (pro-saoudien) sont embarrassés par les déclarations présidentielles, bien que Sleiman ait fidèlement exprimé le fond de leur pensée. Toutefois, le timing de cette attaque est jugé inopportun, car le temps n’est pas à la confrontation mais à l’entente, et le président Sleiman, pour une raison incomprise par les différentes parties au Liban et à l’étranger, a commis une erreur de jugement, qui a retardé le train du consensus souhaité par tous.
A Paris, les grandes puissances ont donc tenu à rappeler aux Libanais que la stabilité est une priorité, et celle-ci passe par la rédaction de la déclaration ministérielle et l’obtention de la confiance au Parlement, afin d’être prêt pour les prochaines échéances, présidentielle et législative. C’est pour cela d’ailleurs que le président Sleiman cherche la désescalade, en envoyant des émissaires auprès du Hezbollah, selon le quotidien An-Nahar. C’est pour cela aussi que l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, se serait réuni à Paris avec le secrétaire général adjoint de l’Onu pour les affaires politiques, Jeffrey Feltman, à en croire L’Orient-Le Jour. Ce faucon reconverti en pragmatique a joué un rôle important dans la formation du gouvernement Salam. Toujours dans le même esprit, l’ambassadeur des États-Unis au Liban, David Hale, serait attendu à Riyad ce week-end, dans une tentative de résoudre la crise de la déclaration ministérielle du cabinet de Tammam Salam, rapporte le quotidien al-Mustaqbal. Les discussions de M. Hale avec les responsables saoudiens auront pour but de trouver une issue à l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations sur la déclaration ministérielle, à quelques mois de l’élection présidentielle, ajoute le journal. La volonté de détente du Courant du futur est apparue dans les propos mesurés du ministre de l’Intérieur (un autre faucon), Nouhad Machnouk, qui a plaidé pour une formule de compromis qui combinerait la déclaration de Baabda, si chère à Michel Sleiman, et le droit du Liban à résister à l’occupation. Autre signe de la détente, la visite de ce même Machnouk chez le leader du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, ce jeudi à Rabié. De l’autre côté de l’échiquier, le président de la Chambre, Nabih Berry, tout en réaffirmant son attachement inébranlable à la mention de la Résistance dans la déclaration ministérielle, a affirmé avoir des idées pour des formules de compromis. La crise de la déclaration ministérielle semble sur le point d’être résolue, si ce n’est lors de la réunion de demain, au plus tard au milieu de la semaine prochaine.
Source : Médiarama
Réunion du Groupe de soutien au Liban à Paris