Le leader historique d’Ennahdha dément l’information révélée par le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem, comme quoi il aurait reçu 150 millions de dollars de l’émir du Qatar.
Dans la conférence de presse qu’il a tenue jeudi 30 août, Rached Ghannouchi (le leader historique du parti islamiste Ennahdha qui gouverne la Tunisie actuellement), a annoncé qu’il allait porter plainte pour diffamation contre le journal britannique The Independent et le journaliste bien connu Robert Fisk, pour avoir publié une information qu’il a qualifiée « sans fondement » concernant une aide de 150 millions de dollars qu’il aurait reçu selon le journal de l’émir de Qatar pour financer la campagne électorale d’Ennahdha. Il a fait part de sa décision de charger un cabinet d’avocats installé à Londres de sa défense.
Il convient de signaler que le leader islamiste avait eu recours au même cabinet dans une dizaine d’affaires pour le même motif dont les auteurs ont été tous condamnés, notamment le journal londonien El Arab qui avait été condamné à des dommages et intérêts assez conséquents que l’ATCE avait dû débourser. Les journaux locaux qui ont repris l’information seront également poursuivis, a averti M. Ghannouchi. Les journalistes présents ont vivement protesté contre cette décision, soutenant qu’ils avaient fait leur travail et qu’il était loisible au leader d’Ennahdha d’envoyer un démenti.
Notons que le code de la presse britannique en matière de diffamation est jugé trop sévère par les associations de défense de la liberté d’expression. Mais ce qui a échappé à M. Ghannouchi, c’est que l’information « erronée » a été rapportée le 28 août par le journal anglais Belfast Télégraph et non The Indépendant comme il l’a annoncé.
Or le code de presse en Irlande est moins sévère que le code britannique.
En plus l’information « erronée » a été révélée par le ministre des Affaires étrangères syrien Walid al-Mouallem qui aurait déclaré à Fisk que le mouvement Ennahdha aurait reçu 150 millions de dollars du Qatar pour le financement de sa campagne électorale lors des élections de l’Assemblée nationale constituante du 23 octobre 2011.
« Al-Mouallem représente un régime agonisant et voue une haine viscérale à la Tunisie, berceau des révolutions arabes et premier pays à avoir expulsé un représentant du régime syrien et accueilli un congrès de l’opposition syrienne », a déclaré Ghannouchi lors de cette conférence de presse pour annoncer la nouvelle composition du bureau politique du mouvement Ennahdha issue de son 9e congrès organisé en juillet dernier.
Notons également qu’un des conseillers du premier ministre islamiste Hamadi Djebali a été interpellé dernièrement à l’aéroport d’Orly par les Douanes françaises avec des liasses de dollars. Il venait d’Arabie Saoudite.
Affaire à suivre.