Comment peut-on soutenir face à la communauté internationale qu’il s’agit d’une légitime défense alors qu’Israël est sorti de son territoire, de son espace pour porter la mort «ailleurs» ? Dans cette terrible épreuve vécue par les Gazaouis durant tout le mois de Ramadhan, le jour de l’Aïd-el-Fitr et jusqu’à aujourd’hui, Israël n’a pas cessé une minute de tuer les femmes, les enfants, les civils avec des bombardements dans une enclave où la densité humaine au kilomètre carré est l’une des plus fortes au monde.
Ainsi donc, le soldat israélien n’a pas été fait prisonnier par le Hamas, mais tué lors d’un accrochage avec les combattants gazaouis par un bombardement (encore une fois) de l’aviation israélienne. Le secteur de Rafah, au sud de la bande de Gaza, qui mord sur le territoire égyptien, a été soumis à un déluge de feu par Israël qui a pris prétexte de ce «rapt» pour «brûler la conscience palestinienne» (selon la propre expression d’un de ses ex-officiers). Tout comme elle a pris prétexte de l’assassinat de trois de ses soldats (que Hamas n’a pas reconnu) pour déclencher l’une des plus horribles expéditions punitives contre une population civile. Comment peut-on parler de kidnapping lorsqu’il s’agit d’un militaire qu’on suppose fait prisonnier lors d’une opération de guerre ? Comment peut-on parler de légitime défense quand on bombarde des villes ou on explose avec des missiles des écoles, des centres de réfugiés ou des hôpitaux. Dans le premier cas, il s’agit d’un prisonnier de guerre, et, dans le second, d’un crime de guerre ou d’un crime contre l’humanité. Le droit international, ainsi que les conventions internationales ont tranché depuis au moins soixante ans, ces questions. Comment l’histoire va-t-elle juger Netanyahou et cet État qu’il veut incarner ? Comment les chroniqueurs et autres biographes vont-ils décrire cette mare de sang qu’est devenue Ghaza, cette terre éventrée, retournée, bombardée, brûlée, agressée ? Dans cette agression préméditée, planifiée depuis au moins la réconciliation entre le Fatah et le Hamas, et la constitution d’un gouvernement d’union nationale, Israël s’en est pris essentiellement aux populations civiles, bombardant les maisons, les écoles, les hôpitaux et tous les édifices publics. Comment peut-on soutenir face à la communauté internationale qu’il s’agit d’une légitime défense alors qu’Israël est sorti de son territoire, de son espace pour porter la mort «ailleurs» ? Dans cette terrible épreuve vécue par les Gazaouis durant tout le mois de Ramadhan, le jour de l’Aïd-el-Fitr et jusqu’à aujourd’hui, Israël n’a pas cessé une minute de tuer les femmes, les enfants, les civils avec des bombardements dans une enclave où la densité humaine au kilomètre carré est l’une des plus fortes au monde. Ces enfants assassinés sont-ils les architectes de ces tunnels que prétend vouloir détruire Israël ? Ces femmes assassinées détiennent-elles les plans de ces tunnels ? Les écoles de l’ONU, les hôpitaux, chaque maison sont-ils tous des entrées de ces tunnels ? Ces milliers de civils soumis à l’un des plus extrêmes régimes d’apartheid et d’exclusion sur leur propre terre de ce 21e siècle sont-ils tous armés et sur le pied de guerre ? Israël s’en prend à eux parce qu’ils sont arabes, musulmans, palestiniens et qu’ils revendiquent un droit aussi naturel, aussi simple (et qu’aucune répression ne peut annihiler) de vivre en paix, sur leur propre territoire aux frontières inviolables, reconnues par la communauté internationale. Quelle est cette population qui accepterait de vivre en permanence, la peur au ventre, avec des journées ponctuées par l’avancée des chars et des engins qui modifient tout le temps le tracé des frontières ? En semant la mort en toute impunité, en bafouant toutes les conventions internationales, en exerçant une agression asymétrique par le recours aux bombardements de masse et l’absence de distinction entre les civils et les militaires, Israël, sous le parapluie complaisant d’une partie de la communauté internationale, tente aussi de réécrire l’histoire en usant de contre-vérités et de propagande : deux armes redoutables durant la Seconde Guerre mondiale. Que dira Israël à l’histoire quand il s’agira de parler de ce chaos, de ces milliers d’enfants et de femmes assassinés ? Dira-t-il, dans son arrogance, qu’il s’agit d’«un point de détail» dans cette expédition criminelle ? Ghaza est assassinée à cause de son origine. Le fait est là, et cela nous rappelle les exactions de la Seconde Guerre mondiale devenues, de nos jours, un alibi pour faire taire, voire rendre complice certains États et certains régimes qui traînent comme une faute éternelle, leur duplicité avec le nazisme. Ce qu’on fait subir aux Gazaouis est-il moins condamnable que ces crimes de la Seconde Guerre mondiale ? Depuis le 19e siècle, Alexis de Tocqueville s’adresse à Netanyahou et lui rappelle que «l’histoire est une galerie de tableaux où il y a peu d’originaux et beaucoup de copies». Arrogant, le criminel reste sourd à la souffrance de ses victimes jusqu’au jour où rattrapé par le temps, il dira «je n’ai fait qu’obéir au ordres». Gaza n’est pas une caserne occupée uniquement par des militaires. C’est le cœur battant des Arabes et un morceau de terre de la Palestine où tentent de survivre des êtres humains. Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des terroristes faits pour la boucherie humaine, ce sont des enfants, des femmes, des hommes que le sionisme tente de déraciner. «Au nom de l’humanité, la violence doit s’arrêter», c’est le cri du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Gaza ne sera jamais Massada, il y aura toujours un Palestinien pour raconter et faire l’histoire de cette enclave.
El Moudjahid