La Gambie n’a fourni aucune explication à son retrait « avec effet immédiat » de l’organisation du Commonwealth.
Aucun membre du gouvernement de Banjul n’a fourni la moindre explication au communiqué laconique, parvenu le 2 octobre au siège du Commonwealth. En substance, le texte explique que le pays se retire du Commonwealth « en tant que membre » et que, par ailleurs, la Gambie « ne sera jamais membre d’une institution néo-coloniale et ne fera jamais partie d’une institution qui représente un prolongement du colonialisme ».
Si l’initiative, sur le plan du principe, est parfaitement légitime, on peut néanmoins s’interroger sur les éléments qui la sous-tendent, le pays étant indépendant depuis 1965. A l’AFP, un responsable au ministère gambien des Affaires étrangères a déclaré que cette décision venait en écho au rejet, en avril 2012, d’un accord proposé par le Commonwealth pour la création de commission pour les droits de l’homme, les médias et la lutte contre la corruption. A la suite de cette décision, le secrétaire général du Commonwealth s’était rendu à Banjul pour rencontrer le président Yayah Jammeh. Ce dernier n’avait rien laissé entendre à propos d’un éventuel retrait de l’organisation.
Yayah Jammeh est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1994, puis s’est fait légitimer par des élections en 1996. Il a ensuite été réélu trois fois successivement (2001, 2006, 2011), l’opposition étant inexistante dans le pays. Un amendement constitutionnel ayant supprimé la limitation du nombre des mandats, le chef de l’Etat est assuré de rester en poste ad vitam.
Jammeh règne donc sur son pays de façon autocratique, use de la peine de mort et ne ménage pas ses critiques à l’encontre de l’Occident. Son régime est régulièrement critiqué par les défenseurs des droits de l’homme pour ses nombreuses violations des libertés civiles. En 2012, Jammeh avait suscité un tollé international en affirmant que tous les condamnés à mort de son pays seraient bientôt exécutés. Une semaine plus tard, neuf personnes étaient fusillées. Cette décision intervenait au moment même où l’Union européenne lançait une grande campagne pour l’abolition de la peine de mort. Les représentants de l’UE demandaient, dans le même temps, la réouverture des médias fermés pour avoir critiqué le pouvoir et l’autorisation, pour les diplomates étrangers, d’accéder aux prisons du pays. Yayah Jammeh avait considéré cette décision comme « une insulte ».
nculpation d’une vingtaine d’hommes pour homosexualité.
Yahya Jammeh s’était aussi énervé lorsque, en décembre 2012, l’Union européenne (UE) avait exhorté la Gambie à abolir la peine de mort, rouvrir des médias fermés généralement pour avoir critiqué le pouvoir et d’autoriser des diplomates étrangers à accéder aux prisons du pays.
M. Jammeh avait estimé que ces recommandations de l’UE étaient « une insulte », et que son pays, « en tant qu’Etat souverain, (…) ne modifiera pas ses lois parce que l’UE veut que cela soit fait ».