Les chefs d’État réunis à Bamako ont indiqué leur volonté d’intégrer les zones reculées dans les programmes nationaux de développement.
La réunion du G5 Sahel, organisée conjointement par le Burkina, la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et la France, s’est tenue à Bamako le 2 juillet dernier à Bamako. Elle avait pour objectif d’officialiser le lancement de la Force conjointe G5 Sahel (JF-G5S), autorisée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 21 juin.
Son premier objectif va être de sécuriser la région frontalière de Liptako-Gourma, qui couvre des zones appartenant au Niger, au Mali et au Burkina Faso et qui connaissent actuellement une recrudescence de violences. En cause, différents groupes armés dont la katiba Macina, qui s’est alliée en mars dernier au groupe Ansar Dine pour former le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, actif au Mali. Il y a également le mouvement Ansarul Islam, et enfin l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), tous deux responsables d’attaques meurtrières au Burkina et au Niger.
L’insécurité à la frontière semble être le résultat de l’insécurité globale qui règne à l’intérieur des frontières maliennes, mais de manière plus générale, les djihadistes comptent sur le mécontentement grandissant dans les villages éloignés, laissés pour compte par les pouvoirs publics, pour recruter leurs membres actifs. La frontière nigéro-malienne est, à ce titre, un exemple frappant : depuis la fin des années 1970, à chaque fois que la sécheresse provoque une mauvaise année pour les récoltes et pour les pâturages, des heurts violents se produisent entre Peuls du Niger et Touareg du Mali autour des ressources en herbe et de l’accès à l’eau. Les rébellions touarègues de ces dernières années ont provoqué un afflux d’armes modernes, ce qui a fait exploser le niveau de la violence entre communautés. Insoucieux de ces situations, les États ne sont pas intervenus, laissant les villages constituer des milices armées de plus en plus dangereuses.
Aujourd’hui, l’EIGS, Ansar Dine et consorts recrutent à tour de bras au sein des communautés peules de la frontière Niger-Mali. Pour les jeunes désœuvrés, il est bien plus intéressant de s’enrôler dans l’une ou l’autres des katibas et de faire des coups de force qui leurs permettent de piller des greniers, que de mener paître d’étiques troupeaux dans d’improbables prairies.
Ce que le G5 Sahel a pointé, c’est en fait la faillite des États, qui se sont révélés incapables d’intégrer ces régions dans leurs politiques sociales et économiques. Pis : au Burkina par exemple, les opérations de répression menées par les forces de sécurité n’ont eu pour résultat que d’augmenter les tensions entre les communautés et le pouvoir central. En effet, les chefs de village sont très souvent accusés de complicité avec les djihadistes, et molestés en conséquence.
Il ne s’agit donc pas de prendre des mesures d’urgence, qui ne feront que masquer le malaise profond dont souffre la région, mais bien de l’inclure dans les vastes programmes de développement et de construction d’infrastructures que chacun des États concernés a entrepris. Sans garantie de résultat, hélas.