
– L’inflation sur le prix des denrées alimentaires a dépassé les 260 % en février sur un an au Liban. DR
Les services du FMI achèvent leur visite au Liban. Les communiqués de presse de fin de mission comprennent les déclarations des équipes des services du FMI qui transmettent les conclusions préliminaires d’une visite dans un pays. Les opinions exprimées dans cette déclaration sont celles des services du FMI et ne représentent pas nécessairement celles du Conseil d’administration du FMI. Cette mission ne donnera pas lieu à une discussion au sein du conseil d’administration.
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L’absence de réformes urgentes pèse lourdement sur l’économie. Quatre ans après le début de la crise, le Liban reste confronté à d’énormes défis économiques : effondrement du secteur bancaire, érosion des services publics, détérioration des infrastructures, aggravation de la pauvreté et du chômage et creusement des inégalités.
Malgré une certaine stabilité récente due à un secteur privé désendetté et à un tourisme saisonnier, les perspectives restent difficiles et instables. Si les récentes décisions politiques de la Banque du Liban constituent une première étape bienvenue, une solution permanente exige des décisions politiques globales de la part du Parlement et du gouvernement pour contenir les déficits extérieur et budgétaire et entamer la restructuration du système bancaire et des principales entreprises d’État.
La mission a fait comprendre aux autorités et aux parlementaires qu’il était urgent de mettre en œuvre un programme de réforme complet.
Beyrouth, Liban : Une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par M. Ernesto Ramirez Rigo, s’est rendue à Beyrouth du 11 au 14 septembre, pour discuter des récents développements économiques et des progrès réalisés dans les réformes clés. À la fin de la mission, M. Ramirez Rigo a fait la déclaration suivante :
« Le Liban n’a pas entrepris les réformes urgentes nécessaires, ce qui pèsera sur l’économie pendant des années. L’absence de volonté politique de prendre des décisions difficiles, mais essentielles, pour lancer des réformes laisse le Liban avec un secteur bancaire affaibli, des services publics inadéquats, des infrastructures détériorées, une aggravation de la pauvreté et du chômage, et un élargissement de l’écart entre les revenus. L’inflation reste à trois chiffres, comprimant davantage les revenus réels, et les réserves de change ont continué à diminuer au cours du premier semestre, notamment en raison du financement par la Banque du Liban (BdL) d’opérations quasi-budgétaires et de l’important déficit de la balance courante.
« La hausse saisonnière du tourisme a augmenté les entrées de devises au cours des mois d’été. Bien qu’il soit peu probable que cette situation perdure, elle donne l’impression que l’économie a touché le fond de la crise et conduit à l’autosatisfaction. Cependant, les recettes du tourisme et les envois de fonds sont loin d’être suffisants pour compenser un déficit commercial important et un manque de financement extérieur. La trajectoire actuelle du solde extérieur est insoutenable et souligne l’urgence de la situation ».
« Les récentes décisions prises par la nouvelle direction de la BdL de supprimer progressivement la plateforme Sayrafa, d’établir une plateforme de négociation de devises réputée et transparente, de mettre fin aux prélèvements sur les réserves de devises, de limiter le financement monétaire et d’améliorer la transparence financière sont des pas dans la bonne direction. Sur la base de ces progrès, il est maintenant possible de procéder à des réformes globales pour renforcer la gouvernance, la comptabilité et les opérations de change de la BdL, conformément aux meilleures pratiques internationales. En outre, tous les taux de change officiels devraient être unifiés au taux de change du marché, ce qui contribuerait à éliminer les possibilités d’arbitrage et de recherche de rente qui pèsent sur les finances publiques.
« Ces mesures devraient être soutenues temporairement par la loi sur les restrictions de capital et de retrait, et complétées par une action politique du gouvernement et du Parlement pour réduire les déficits jumeaux et traiter les problèmes du secteur financier en reconnaissant les pertes et en faisant progresser la restructuration des banques. »
« Le gouvernement doit mettre en œuvre une stratégie budgétaire cohérente pour rétablir la viabilité de la dette et créer un espace pour les dépenses sociales et d’infrastructure. Pour que cette stratégie soit efficace, l’amélioration de la mobilisation des recettes est une priorité essentielle. Le gouvernement a pris des mesures progressives pour adapter la collecte des recettes à la dépréciation du taux de change en adoptant un taux plus réaliste pour l’évaluation de l’assiette fiscale et en réajustant les barèmes fiscaux et les droits à des valeurs plausibles, ce qui s’est traduit par une augmentation notable des recettes. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire. Le budget 2023 reste incomplet en termes d’actualité et de couverture. Il ne reflète pas avec précision l’ampleur réelle du déficit et du financement monétaire associé. Tout en respectant les délais, le projet de budget 2024 devrait veiller à être cohérent avec le processus d’unification du taux de change, lancé par la BdL, et à éviter le traitement préférentiel de certains contribuables par rapport à d’autres. Il devrait également inclure des ressources suffisantes pour reconstruire l’administration fiscale afin de renforcer la conformité et d’améliorer l’équité fiscale. À cet égard, nous encourageons les autorités à commencer à mettre en œuvre les éléments clés des recommandations de réforme de la politique fiscale du Fonds, publiées dans le Rapport d’assistance technique 2023 sur la remise de la politique fiscale sur les rails, et à lancer les plans de réhabilitation des principales entreprises d’État. »

– En juin dernier, des Libanais manifestaient devant une branche de la Banque centrale à Tripoli pour exprimer leur ras le bol.
« Un plan de restructuration du secteur bancaire n’a toujours pas été mis en place. Cette inaction a entraîné une baisse significative des dépôts récupérables et entrave l’octroi de crédits à l’économie. Bien que les travaux sur la révision de la loi sur la résolution des défaillances bancaires progressent bien, ils doivent être achevés pour que la loi puisse être à nouveau soumise au Parlement.Les amendements à la loi sur le secret bancaire, qui visent à combler les lacunes, et le projet de loi sur le contrôle des capitaux et le retrait des dépôts attendent toujours l’approbation du Parlement.
« L’équipe de la mission souhaite remercier les autorités libanaises et tous les autres interlocuteurs pour les discussions franches et constructives et se tient prête à continuer à soutenir les autorités par des conseils de politique générale et une assistance technique. Nous prévoyons que les prochaines discussions au titre de l’article IV auront lieu au premier semestre 2024 pour faire le point sur les progrès accomplis en matière de réformes et de politiques clés. »
Département de la communication du FMI