Le principal parti nigérian d’opposition a présenté, début mars, son nouveau manifeste, « Feuille de route pour un nouveau Nigeria », dans la perspective des élections qui doivent se tenir l’année prochaine.
Le programme du All Progressives Congress (APC), coalition de trois principaux partis d’opposition (All Nigerian People’s Party, Congress for Progressive Change et Action Congress for Nigeria) rassemble en dix points ce qui, selon lui, lui donnera la majorité aux prochaines élections, prévues en 2015. Cela va de la priorité à l’amendement de la Constitution dans le sens d’une plus grande décentralisation et de l’autonomie des États de la fédération nigériane, à la lutte contre la corruption, le renforcement en qualité de l’administration, la lutte contre Boko Haram et l’insécurité, la création d’emplois, la lutte contre la corruption et une plus grande transparence de l’État, « ce dont les Nigérians ont besoin », comme l’a expliqué Lai Mohammed, le porte-parole de l’APC.
Le noyau fort de l’APC est représenté par l’ancien gouverneur de Lagos, Bola Tinubu, personnalité de poids du sud-est yoruba, et Muhammadu Buhari, ancien général et chef de l’État putschiste en 1983, devenu une figure très populaire dans le nord. Depuis décembre, une dizaine de gouverneurs et une quarantaine de députés du parti du président Goodluck Jonathan, le PDP, ont rejoint les rangs de l’APC, alors que les États des deux mégapoles nigérianes, Lagos au sud et Kano au centre-nord, sont déjà gouvernés par l’opposition.
En matière de lutte contre la corruption, le président Goodluck Jonathan a récemment suscité la polémique en suspendant le gouverneur de la Banque centrale, Lamido Sanusi, après que ce dernier ait dénoncé le détournement d’environ 20 milliards de dollars d’argent public par la compagnie pétrolière nationale, la Nigerian National Petroleum Corporation. Au même moment, les États-Unis gelaient 458 millions de dollars d’actifs appartenant à l’entourage de l’ancien dictateur Sani Abacha. Sur les 2,4 milliards de dollars enregistrés sur des comptes off-shore, au Liechtenstein notamment, que le Nigeria réclame, seulement 1,3 milliard a été récupéré à ce jour. Cela n’empêche pas le PDP de Goodluck Jonathan d’accueillir à nouveau dans ses rangs le fils de Sani Abacha, Mohammed Abacha, qui l’avait quitté en 2010. Celui-ci fait toujours l’objet d’une enquête fédérale pour détournements des fonds de l’État et divers recels.
Mais il pourrait lui aussi faire défection au PDP pour rejoindre les rangs de l’APC, au titre d’une future appartenance au Congress for Progressive Change, et s’engager dans un ticket pour concourir au gouvernorat de Kano. C’est ce qu’a laissé entendre son directeur de campagne, le major Hamza al-Mustapha, revenu il y a quelques mois à la vie civile – et civique – après quatorze ans de prison… Cette décision interviendrait dans le cadre d’une stratégie politique plus large destinée à contrecarrer les ambitions de l’ancien gouverneur de Kano, Rabiu Musa Kwankwaso, de se représenter en 2015.