La 45 ème édition du FIFC a donné l’occasion pour 192 films égyptiens, arabes et internationaux d’être projetés, certains en exclusivité, devant un public de cinéphiles très nombreux et avec la participation de cinéastes étrangers venus du monde entier et qui ont remporté la majorité des prix (https://www.afrique-asie.fr/gaza-a-lhonneur-au-festival-international-du-film-du-caire/). Alors que la Syrie allait être propulsée à la Une de l’actualité à la suite des grands bouleversements géopolitiques qui s’y produisent, le festival avait eu la prémonition de programmer le film syrien de fiction Salma, réalisé par le cinéaste Joud Saeed et une série égyptienne à la sauce américaine A Date with the Past (Rendez-vous avec le passé) dirigée par Al-Sudair Masoud, également un réalisateur syrien.
Mahmoud Al-Rashed – Le Caire
Malgré les conditions politiques et sécuritaires que traverse notre région, le Festival international du film du Caire, dirigé par l’acteur et cinéaste égyptien Hussein Fahmy, a réussi à attirer un grand nombre de films, soit plus de 192 films, et un grand nombre de vedettes du cinéma international et arabe, des milliers de cinéphiles, des dizaines de critiques de cinéma, de producteurs, de réalisateurs venus du monde entier. Les événements et les projections ont été répartis entre la salle de l’Opéra du Caire et un certain nombre de salles de cinéma dans la capitale.
Nous nous proposons dans cette deuxième partie de notre couverture des travaux du festival de présenter deux œuvres importantes qui ont été adoubées par le public du festival : Salma du réalisateur syrien Joud Said et la série égyptienne Date with the past, une production internationale qui a réuni un groupe de grands stars du cinéma égyptien et arabe, notamment Mahmoud Hamida dans celui de le rôle de Yassin, Asser Yassin dans le rôle de Yehia, Sherif Salama (Ali), et Sherine Reda (Sawsan), aux côtés de Reem Saad, Mohamed Tharwat, Mohamed Alaa, et Hoda El Mufti dans le rôle de Nadia. La série est produite par « Karisma Group », sous la supervision du producteur Ayman Al-Zayoud, et réalisée par Al-Sudair Masoud.
Salma, un film syrien plébiscité par le public et la critique
Le film syrien Salma de Joud Said a été projeté dans le cadre de Horizons du cinéma arabe, créé par la direction par le festival. Il a été d’emblée adoubé par le public et la critique. C’est sans aucun doute l’une des œuvres la plus audacieuse de Joud Said. Son film s’attaque au phénomène de la corruption en Syrie, qui avait pris une dimension phénoménale à la suite des sanctions barbares imposées par l’Occident à ce pays, que le tremblement de terre ravageur qui avait frappé la Syrie et la Turquie en février 2023 avait amplifiée. A la faveur des effets pervers de ces sanctions qui avaient déstructuré la société et l’économie syriennes, Salma aborde avec courage le phénomène de l’émergence de « requins », ces profiteurs voraces de la crise qui avaient mis le pays en coupe réglée, se livrant à une guerre sans merci entre eux et contre le pays, ajoutant au blocus extérieur un autre blocus intérieur. Joud Said a eu le courage de s’attaquer à ce phénomène qui gangrénait la société syrienne assiégée, et qui a été, on l’a appris ultérieurement, l’un des facteurs importants qui avaient causé la perte de l’ancien régime. Le mérite du réalisateur, c’est d’avoir osé s’attaquer à ce sujet grave et explosif dans un langage simple, clair et direct, mais sans céder à la facilité et sans sacrifier l’esthétique. On a pu le constater avec la scène de l’aquarium dans lequel nagent des requins, un aquarium que le réalisateur a placé dans la maison d’Abu Amer (Bassem Yakhour), un affairiste qui veut tout acquérir et qui en vient à se battre à coups de poing avec Salma (la comédienne syrienne Salaf Fawakherji) qui joue puissamment le rôle de la mère courage qui refuse de se soumettre à ses ordres.
Salma met en scène Salaf Fawakherji et un certain nombre d’artistes, dont le réalisateur Abdul Latif Abdul Hamid, décédé après la fin du tournage, Hussein Abbas, Mughith Sakr, qui joue le personnage de Ward Ajeeb, qui joue pour la première fois au cinéma, et Bassem Yakhour en tant qu’invité d’honneur.
Le film traite de la situation d’une institutrice syrienne nommée Salma qui, lors du tremblement de terre de février 2023 s’était impliquée avec courage et abnégation pour secourir les victimes de son quartier. Elle y perd son mari, ne retrouve pas son corps et ne sait pas où il a disparu.
Malgré la perte de son mari, de sa sœur et de son beau-frère, elle s’investît pleinement dans les secours à tel point que les réseaux sociaux commençaient à la présenter comme une héroïne populaire en qui les gens ont confiance et qu’ils l’ont élue pour les représenter au parlement.
Salma vit avec son fils Amjad et son neveu Jamil, qui a perdu sa famille dans le tremblement de terre et a été sauvé et adopté par sa tante Salma qui a courageusement sauvé d’autres civils. Elle poursuit sa lutte pour assurer la subsistance de sa famille mais se heurte à de nombreux problèmes, dont le plus récent est son conflit avec Abou Amer, un homme riche, véreux et influent, qui a mal pris le fait qu’elle se présente aux élections législatives contre son frère.
L’enseignante se bat durement pour faire vivre décemment son vieil oncle, son fils Amjad et son neveu Jamil, pour lequel elle ne peut obtenir de passeport car, bien qu’elle l’élève, la loi accorde la tutelle à ses oncles.
Après le tremblement de terre où elle a perdu sa maison, elle déménage dans la maison de son beau-père (Abou Nassif), interprété par feu l’acteur et réalisateur Abdul Latif Abdul Hamid.
Salma est la première œuvre artistique qui a réuni les deux stars Salaf Fawakharji et Bassem Yakhour. C’est aussi la première œuvre cinématographique de Salaf Fawakharji après une interruption de plus de cinq ans.
Salaf Fawakharji, avec son retour fulgurant au cinéma, a pu offrir au cinéma syrien l’une des œuvres cinématographiques les plus marquantes. Sans verser dans le féminisme militant excessif, elle a réussi à traduire de manière réaliste, simple et spontanée les difficultés rencontrées par les femmes syriennes à l’heure actuelle. Des difficultés qui risquent d’empirer avec le changement de régime à Damas.
A Date with the Past, une série égyptienne signée par un réalisateur syrien
Avant d’entrer dans l’univers passionnant de la série, il faut dire que la direction du festival a fait preuve d’audace en projetant deux épisodes d’une série télévisée dans le cadre d’un festival purement cinématographique, un précédent que seul le festival du film de Venise avait créé l’année dernière.
La série A Date with the Past (Rendez-vous avec le passé) est dirigée par le réalisateur syrien Al-Sudair Masoud, fils de l’artiste syrien Ghassan Masoud, et écrite par Mohamed Al-Masri. Elle réunit un groupe de stars égyptiennes telles que Aser Yassin (dans le rôle de Yahya), Mahmoud Hamida, (dans le rôle de Yassin), Sherif Salama (dans le rôle d’Ali) et Shereen Reda (dans le rôle de Sawsan).
Cette série dramatique à rebondissements, dans laquelle le réalisateur utilise le style et les techniques des feuilletons américains, met en lumière la complexité des relations familiales et les répercussions des secrets familiaux enfouis dans la vie. Elle entraîne les téléspectateurs dans un voyage plein de suspense, de surprises haletantes, d’action intense et d’émotions.
Cette série dramatique à suspense entraîne les téléspectateurs dans un voyage plein d’énigmes, de mystères, d’action intense et de profondeur émotionnelle. Chaque épisode dévoile progressivement un nouveau niveau de mystère, de sorte que les téléspectateurs se demandent intrigués ce qui s’est réellement passé il y a toutes ces années.
La série se penche sur les troubles émotionnels et psychologiques de Yahya, dont la vie s’effondre après le meurtre de sa sœur Nadia. Après avoir été accusé à tort de ce meurtre et emprisonné pendant quinze ans, Yahia est si désespéré de se venger après sa libération qu’il est prêt à tout pour trouver le véritable assassin de Nadia. À son retour, de vieilles blessures familiales se rouvrent, des secrets enfouis depuis longtemps sont révélés, soulignant à quel point il est difficile de garder un secret familial éternellement cachée.
Mahmoud Al-Rashed