Des divergences sévères se sont exprimées au sein du parti de Robert Mugabe, la ZANU-PF, après sa décision de ne pas assister au sommet Europe-Afrique, à Bruxelles, motivée par la décision européenne de ne pas inviter son épouse Grace Mugabe.
Cinq dirigeants du parti dont trois membres du bureau politique et deux du comité central, ont dénoncé le fait que cette décision intervenait dans un contexte où le pays a un besoin crucial à long terme d’aide de l’Europe. « Notre principale préoccupation devrait être de relancer notre économie, a déclaré un membre du bureau politique. Nous avons un besoin pressant d’investissements étrangers directs et d’une injection de capital car notre peuple perd chaque jour des emplois du fait de la fermeture des entreprises. Nous devrions chercher des partenaires plutôt que mener des guerres minables ».
L’Union européenne est, pourtant, au premier rang des donateurs et partenaires du Zimbabwe. Elle a débloqué, en mai, un budget de 29 millions de dollars pour aider les petits exploitants agricoles du Zimbabwe. Une aide importante dans un contexte de sous-alimentation des populations malgré le soutien du Programme alimentaire mondial. En février dernier, l’UE avait annoncé qu’elle poursuivait le processus de normalisation de ses relations avec le Zimbabwe et reprendrait l’aide au développement en novembre prochain. Seuls le président Mugabe et son épouse restaient encore sous le coup de sanctions concernant leurs avoirs et leurs déplacements à l’étranger.
Pour beaucoup, la suite a montré que non seulement Mugabe a fait payer au pays ses intérêts personnels et familiaux, mais qu’il a également, surestimé son importance en Afrique en pensant qu’il pouvait convaincre le continent de boycotter le sommet. Contre l’attente de Robert Mugabe, 48 pays africains ont, en effet, assisté au sommet de Bruxelles, dont 36 chefs d’État et de gouvernement. Particulièrement remarquée, l’absence du président sud-africain Jacob Zuma a été interprétée comme un geste de soutien à Robert Mugabe. « Il est temps qu’on arrête de nous traiter comme des sujets et qu’on nous dise qui peut venir et qui ne doit pas venir », a-t-il commenté. Il était représenté par la ministre des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane.
Le sommet placé sous le signe de la relance du partenariat économique entre les deux continents, a abordé, comme attendu par les partenaires africains, les questions de paix comme facteur de développement. Sur les 20 milliards déjà alloués par l’UE à l’Afrique dans le cadre du 11ème fonds européen 2014-2020, une part importante doit leur être consacrée.