Le dirigeant éthiopien, homme fort de la corne de l’Afrique, est décédé à Bruxelles dans la nuit de lundi à mardi 21 août. Il avait 57 ans. Les répercussions pourraient être très importantes sur le plan politique.
Meles Zenawi avait pris le pouvoir en Ethiopie en 1991, renversant le dictateur Mengistu Haïlé Mariam, surnommé le « Négus rouge », lui-même tombeur de l’empereur Haïlé Sélassié. Depuis lors, il menait ce pays, où le président de la république n’a qu’une fonction honorifique, d’une main de fer. La démocratie n’avait pas vraiment cours : presse muselée et aux ordres, opposition inexistante, emprisonnement arbitraire de tous ceux qui manifestaient leur désaccord avec le pouvoir, etc. En outre, rien n’indiquait un éventuel changement en perspective, Meles Zenawi venait de se faire réélire, en 2010, avec… 99 % des voix. Son patriotisme ne faisait aucun doute, il estimait lui-même être « la meilleure des solutions » pour l’Ethiopie.
Avec beaucoup d’habileté, il avait su de faire un allié des Etats-Unis, notamment en participant à des opérations militaires pour lesquelles les Américains ne voulaient pas se montrer en première ligne, comme en 2011 en Somalie. Il était devenu leur meilleur allié pour la lutte contre le terrorisme dans la région.
Il avait également su maintenir à distance son meilleur ennemi, Isaias Afewerki, chef de l’Etat érythréen et ancien compagnon d’armes dans la guérilla des années 1980. Une guerre terriblement meurtrière avait éclaté entre les deux pays, entre 1998 et 2000, pour un morceau de désert. Aucun des deux pays n’en était sorti réellement vainqueur et les tensions demeuraient récurrentes.
La constitution éthiopienne ne prévoit rien en cas de vacance du pouvoir, si ce n’est le remplacement du Premier ministre par le vice-premier ministre.
Pour toutes ces raisons, la disparition brutale de Meles Zenawi pourrait entraîner des troubles importants dans toute la région et même à l’intérieur du pays.