Le livre de l’ex-Navy Seal ayant participé au raid fatal contre Ben Laden, « No Easy Day », a été publié sous le pseudonyme Mark Owen (de son vrai nom Matt Bissonnette). Il sortira en librairie le 4 septembre chez Dutton Publishers.
Ce livre, rédigé par un ex-membre de l’équipe qui a mené le raid contre le chef d’Al-Qaeda au Pakistan le 2 mai 2011 a été fait sans l’accord du Pentagone , ni de la Maison Blanche. Une décision critiquée par le Pentagone car elle apparait en rupture avec la longue tradition du secret, chère à l’unité d’élite des Seals. Lorsque, le 29 août, les médias américains en ont publié les premiers extraits, les membres du gouvernement qui en ont reçu copie ont refusé de contredire le récit de l’auteur. Ils n’ont manifesté aucune intention de s’en prendre à lui.
L’ouvrage couvre les événements depuis les semaines d’entraînement dans une base secrète en Caroline du Nord jusqu’à leur succès, détail après détail. Parmi les plus remarquables, il y a bien sûr la description de la mort de Ben Laden qui, selon Bissonnette, n’était pas armé. Aussi curieux que cela puisse paraître, la Maison Blanche, dans son historique du raid, a aussi reconnu qu’il n’était pas armé lorsqu’il a été tué tout en suggérant qu’il représentait une menace pour les commandos.
L’auteur raconte qu’il était derrière son « leader », montant les escaliers dans l’obscurité. Arrivé à l’étage, dans un couloir, il dit avoir entendu deux tirs, sans expliquer clairement qui avait tiré. Selon lui, le « leader » a vu la tête d’un homme dans l’entrebâillement de la porte. Lorsque les Seals sont entrés, ils ont trouvé cet homme à terre, baignant dans son sang, un trou bien visible sur le côté droit du crâne. Comme ils le reconnaissaient, malgré le sang, le leader et les autres Seals ont alors tiré plusieurs fois sur le corps à terre, jusqu’à ce qu’il cesse de bouger. Les Seals ont trouvé deux armes derrière la porte.
Qu’est-ce que cela signifie ? Il est logique de penser que le leader, apercevant vaguement une tête dans ce couloir obscur, lui a tiré dans la tête par crainte que l’homme n’ait des armes dans sa chambre. Rien n’apparait comme certain dans ce « récit détaillé », du moins en ce qui concerne la mise à mort de Ben Laden.
On se demande pourquoi Bissonnette a attendu pour publier son livre le moment des conventions républicaine et démocrate. Du coup, les médias ont titré : « Le livre offre une version différente de celle des officiels concernant la mort de Ben Laden ».
L’auteur affirme que les commandos savaient que la réussite de leur mission serait exploitée à des fins politiques. Il se dit essentiellement motivé par le besoin de clarifier des faits qui apparaissent inexacts, selon lui, dans la version officielle du raid. Mais sa propre version reste largement compatible avec celle donnée par la Maison blanche dans les jours qui ont suivi l’affaire. Il ne fait d’ailleurs pas mystère de son aversion personnelle pour Barack Obama. Bien sûr, toute publication en rapport avec la mort du chef d’Al Qaeda est assurée de provoquer des répercussions politiques. La publication de ce livre elle-même est considérée comme un acte politique. Et qui apparait a priori comme financièrement intéressant.