Dans son discours sur l’état de l’Union, Barack Obama s’est félicité des résultats obtenus. Il a également démontré un patriotisme jusqu’alors inconnu. Bilan d’une prestations très suivie.
Après cinq années à la Maison Blanche, et selon la tradition, le président Obama a prononcé le 29 janvier, son sixième « SOTU » (discours sur l’état de la nation) devant les deux chambres du Congrès. Après une année difficile, le discours était attendu et n’a pas trop déçu : les medias l’ont qualifié de discours « d’action ». Il a certes soulevé des questions, mais aussi les espoirs du camp démocrate, au moment où la popularité du président est en baisse : 41% d’opinions favorables seulement, selon un sondage Gallup.
La plus grande partie du discours a été, selon la coutume, consacrée à la politique intérieure et surtout à l’économie. Le président s’est montré optimiste. Il a détaillé les succès remportés l’an dernier, et la création de 8 millions d’emplois en quatre ans. Le marché de l’immobiliser a repris, a-t-il souligné, le déficit budgétaire a été réduit de moitié et le déficit de la balance commerciale a baissé de 12 % grâce à l’augmentation de la production nationale d’hydrocarbures, désormais supérieure, en quantité, aux importations. Le retrait de l’Irak, celui prochain de l’Afghanistan et les perspectives de réussir le désarmement nucléaire de l’Iran ont été classés parmi les succès réalisés et à venir.
Pour la première fois, Obama a annoncé son l’intention d’utiliser les « executive orders », c’est-à-dire les décrets pour légiférer lorsque le Congrès s’opposera, comme il l’a souvent fait, à l’adoption de lois importantes à ses yeux. Parmi celles-ci, Obama a mentionné en premier lieu la hausse du salaire minimum, bloqué depuis 2009 à 7,25 dollars l’heure, grâce à l’opposition totale des Républicains à toute augmentation. Obama voudrait le porter au minimum à 10,10 dollars pour les entreprises bénéficiant de contrats publics[1]. Il veut aussi s’attaquer aux inégalités salariales entre hommes et femmes.
Toutefois, la Constitution restreint quelque peu l’utilisation des décrets par l’exécutif, et stipule que la procédure ne peut s’appliquer que dans des cas spécifiques, ou exceptionnels. Obama ne pourra donc pas augmenter de cette façon le salaire minimum de l’ensemble des travailleurs, ni réformer le système de sécurité sociale – ou faire les changements nécessaires à l’Obamacare – ni donner un statut légal aux millions d’immigrés sans papiers. La Maison Blanche a jusqu’à présent refusé de dire combien d’ouvriers pourraient bénéficier de la nouvelle politique salariale. Et celle ou celui qui succèdera à Obama en 2016 pourra utiliser la même méthode pour annuler ses décrets.
Le président a aussi mentionné la nécessité de réformer les impôts, voter la réforme de la politique d’immigration, accueillir les enfants à l’école dès 4 ans, etc., autant de sujets sur lesquels il n’aura guère le soutien de la majorité républicaine de la Chambre des Représentants. Le président a aussi réitéré sa vieille promesse de fermer la prison de Guantanamo. Pour tout cela, il s’est engagé à essayer d’emprunter la seule arme qui lui reste : le décret.
Sur le plan de la politique étrangère, il a affirmé qu’il opposerait son veto à toute sanction contre l’Iran qui serait votée par le Congrès pendant les négociations sur le programme nucléaire de Téhéran. Sur la Syrie, il a parlé plutôt brièvement de la poursuite de l’aide à l’opposition non terroriste, tout en déclarant qu’Al Qaeda et ses affiliés étaient en perte de vitesse.
Les prochaines élections de mi-mandat (en novembre 2014) sont de véritables référendums sur la performance présidentielle, souvent au détriment de son propre parti.
Dans un excès de patriotisme qu’on ne lui connaissait pas jusqu’ici, le président Obama a terminé son discours en énumérant les exploits de l’Amérique : le pays le plus habile, le plus fort, etc. Beaucoup en Amérique l’auront trouvé franchement excessif. Nous aussi.
[1] Il n’y a pas de réel salaire minimal national aux USA. Celui fixé par l’État fédéral sert de référence mais il ne s’impose pas aux autres États. Ceux-ci fixent leur propre salaire minimal qui est parfois supérieur au salaire fédéral (dans les grands États comme New York ou la Californie,) ou inférieur dans de nombreux autres.