Vague de protestation sans précédent des joueurs du sport le plus populaire du pays contre les déclarations et les tweets du président Trump.
Depuis le 23 septembre, presque tous les joueurs de football américain refusent de se lever pour honorer l’hymne national. Des dizaines d’autres, de Londres à Los Angeles, se sont mis à genoux pour la même raison, et ils ont été rejoints par plusieurs propriétaires d’équipes de la Ligue américaine (National Football League, NFL), pourtant réputés pour leurs relations amicales avec le président Trump.
Cette rarissime vague de protestation et de défiance à l’égard de Trump vient en réaction contre son appel au licenciement des joueurs ayant refusé de se lever au son de l’hymne national lorsqu’il s’était agi de dénoncer la brutalité policière et le racisme à l’encontre de la communauté africaine-américaine. Un geste initié par Colin Kaepernik des « Forty-niners » de San Francisco en 2016. Celui-ci a été le premier à s’agenouiller pour protester contre le meurtre de plusieurs Noirs, abattus par des policiers blancs. Son geste avait provoqué un scandale national.
Les propos provocateurs de Trump sont ceux de son discours du 22 septembre, alimenté par la suite par de nombreux tweets, qui s’en prenait en des termes très violents à ce joueur. Il a déclaré, s’adressant au public lors d’un meeting : « Est-ce que vous n’aimeriez pas plutôt voir les gens de la NFL dire, quand quelqu’un manque de respect à notre drapeau : « Sortez-moi ce fils de pute du terrain, il est viré, viré » ! »
Ce qui était, au début, une protestation de modeste portée, lancée par quelques joueurs africains-américains, s’est soudain répandu comme une trainée de poudre dans la NFL.
Une des ripostes les plus surprenantes est venue du propriétaire de l’équipe des « Patriots », Robert Kraft, ami personnel et soutien financier de la campagne de Donald Trump. Kraft a déclaré « soutenir ses joueurs » et vouloir défendre leur « droit d’œuvrer pacifiquement pour le changement, en contribuant à en faire prendre conscience aux gens de la façon qu’ils considèrent la plus efficace ».
Cela n’a pas calmé le bouillonnant Trump. Dans un tweet du 24 septembre, il a affirmé espérer que « le boycott des matches [par le public qui, comme lui, condamnent ce comportement, ndlr] pourrait être une façon de se débarrasser de ces gestes qui sont autant de manques de respect à notre drapeau et notre pays ». Il risque un cinglant démenti.