Les États-Unis, ont annoncé la « victoire de Raqqa » avec un triomphalisme indécent, repris par la grande presse internationale. Une façon de répondre aux accusations de complaisance envers État islamiste formulées par les autorités russes, preuves à l’appui, et de faire oublier les responsabilités de Washington dans ce conflit dont l’objectif premier était de détruire l’État syrien et de réserver à Bachar al-Assad le même sort que Kadhafi.
Depuis juin dernier et le siège de la place forte d’EI, l’alliance syro-kurde soutenue par les raids barbares ininterrompus sur la ville par l’aviation américaine, a transformé Raqqa en « pire endroit sur terre », comme l’a déclaré Jan Egeland, chef du groupe humanitaire de l’ONU pour la Syrie. Prise au piège d’un « labyrinthe mortel », comme Amnesty International qualifiait la situation de la population civile, fin août, alors que les États-Unis refusaient une « pause humanitaire », les habitants ont payé le prix fort, la ville a été complétement détruite.
En juin dernier, la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie estimait, dans son rapport, que les frappes aériennes contre EI, à Raqqa, étaient « excessives ». Prise d’assaut par les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance arabo-kurde de miliciens anti-Bachar al-Assad et soutenue par l’American Air Force, la ville connaissait un exode massif de ses habitants, 160 000 civils selon le rapport. « Les civils sont pris dans la ville », pouvait-on lire et « font face à la répression » d’EI, tout en subissant les frappes aériennes », selon Paulo Pinheiro, le président de la Commission. Les enquêteurs dénombraient, alors, plus de 300 victimes civiles des frappes, sans compter les blessés et la destruction systématique de la ville – 80% des bâtiments sont désormais inhabitables, selon l’ONU. Ils se déclaraient « gravement préoccupés ». Selon l’organisation de journalistes spécialiste des frappes aériennes, Airwars, plus de 270 000 personnes ont fui vers des camps de réfugiés situés dans la province.
Paulo Pinheiro notait, également, que les accords d’évacuation des djihadistes « soulèvent aussi des inquiétudes et dans certains cas, pourraient représenter des crimes de guerre ». De même, le bombardement de sites civils, comme les hôpitaux, les marchés ou les écoles, sur lesquels ont été larguées des bombes américaines au phosphore blanc.
L’ampleur injustifiée des bombardements de Raqqa par les frappes aériennes est apparue dans toute son horreur, après la « libération » de Raqqa, en octobre. « Le destin de Raqqa rappelle celui de la ville allemande de Dresde en 1945 » a déclaré le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. Dresde avait été, alors, rasée par les bombardements aveugles américains et britanniques « pour terroriser les Allemands », comme l’avait déclaré Winston Churchill, lorsqu’il fut accusé d’avoir, avec ses alliés, d’avoir largué 3900 tonnes de bombes sur la ville, provoquant la mort de 25000 civils.
Selon l’agence Reuter, les FDS ont fait part de leur volonté de voir les provinces libérées par leurs combattants dans le nord de la Syrie, de « protéger les frontières de la province contre toutes les menaces extérieures », de « contrôler la ville par un conseil civil local » dans « le cadre d’une Syrie décentralisée, fédérale et démocratique ». En d’autres termes, une nouvelle déclaration de guerre qui provoquera, sans doute, une confrontation avec l’armée syrienne. Celle-ci, appuyé par ses alliés iraniens et russes, a libéré la majeure partie des zones occupées par Daesh/EI, au nom de l’unité et de l’intégrité du territoire syrien. Selon Sergueï Roudskoï, le chef de l’état-major russe, EI ne contrôlerait plus que 5% du territoire, la guerre civile serait « enrayée de facto », grâce, en grande partie, également, à la création des zones de désescalade mises en place dans le cadre de l’accord d’Astana signé en mai dernier. Selon le ministre de la Défense, les Forces aériennes russes ont détruit 948 camps d’entraînement, 666 usines et ateliers de production de munitions, 1500 unités de matériel militaire des terroristes et libéré 998 villes et villages syriens, permettant le retour d’1 126 000 civils, dont 660 000 en 2017.
Par ailleurs, le double jeu occidental vis-à-vis d’EI ne fait plus aucun doute, depuis la découverte dans la ville Mayadine, principal bastion d’EI, dans la province de Deir es-Zor, reprise par les forces loyalistes soutenues par l’aviation russe, le 14 octobre, d’un entrepôt d’armement, de fabrication américaine, britannique et belge. La ville de Mayadine, située dans une zone riche en gaz et pétrole, est, également, stratégiquement située sur une route stratégique entre Alep et la frontière irakienne.
Soulignant la similitude de ces armes « dernier cri » avec celles de l’OTAN, comme le canon de 155 mm fabriqué en 2011 au Royaume-Uni, un équipement radar, des systèmes de communication satellite, de l’équipement médical et un atelier de fabrication de drones dont des dizaines prêts à l’emploi, le major-général de l’armée syrienne, Souheil al-Hassan, a déclaré devant la presse internationale invitée à constater les faits, qu’il « faudra au moins six jours pour évacuer tous ces trophées que les combattants de Daesh ont laissé dans leur fuite. »
Cette découverte confirme les accusations portées, début septembre, contre les militaires américains, par Asaad al-Salem, ex-chef de la sécurité de la section syrienne de la base américaine d’al-Tanf qui a déserté pour rejoindre les territoires sous contrôle du gouvernement syrien. Selon Asaad al-Salem, les États-Unis auraient fermé les yeux sur la vente d’armes à Daesh, via le chef d’une unité de l’ASL, Muhannad al-Talaa. « Quand nous avons appris cela, nous l’avons rapporté aux commandants américains de la base. De leur côté, ils n’ont fait que raffermir leur soutien à cette personne… » Parmi cet armement, se trouvait des pièces attribuées à l’unité syrienne du camp, Maghawir al-Thawra, de production américaine, telles que « des canons anti-char, des mitrailleuses, des véhicules et des fusil M-16 et M-4 en grande quantité (environ 4700). »
Il a, également, révélé que les soldats américaines entraînaient des combattants rebelles syriens, alors que le groupe n’a jamais pris part à des opérations contre Daesh, mais plutôt contre l’armée loyaliste syrienne. Refusant cette situation, 41 combattants et leurs familles ont, alors, comme Assad al-Salem, quitté la base pour un camp de réfugiés près de Damas.
Sources :
https://www.youtube.com/watch?v=uT1k6NKci-k
https://francais.rt.com/international