Si le monde Arabe n’est pas aujourd’hui dans sa meilleure forme, en raison des multiples crises et guerres qui le déchirent, cela ne devrait pas pour autant nous empêcher de voir le côté lumineux de la médaille, celui d’un monde arabe riche et vivant et de plus en plus créatif et entreprenant dans le domaine de l’art et la culture.
Cette réalité, décelable à travers l’expression et la création artistiques dans toutes leurs diversités est portée à bout de bras et incarnée par des collectionneurs passionnés qui œuvrent depuis longtemps et sans tapage médiatique à investir dans la conservation des plus belles œuvres des créateurs artistiques reconnus du monde arabe, mais aussi et surtout des jeunes talents qui reflètent le côté lumineux de ce monde en perpétuel questionnement sur son identité et son avenir, en dépit des redoutables défis existentiels qu’ils doivent surmonter.
Nombreux sont en effets ceux qui ne se résignent pas à la sinistrose ambiante, refusant de ne voir que le côté sombre de la réalité que vit aujourd’hui ce monde déchiré, ensanglanté et tourmenté par des conflits mortifères comme en Palestine, en Irak, en Syrie, au Liban, au Yémen et ailleurs. A travers ces points noirs, ils persistent, dans un optimisme déterminé mais réaliste, à vouloir entrevoir un avenir radieux à travers notamment la beauté exprimée dans un art porteur d’avenir et d’espoir.
C’est le cas du collectionneur philanthrope natif des États Unis, citoyen libanais d’origine palestinienne Basel Dalloul, directeur général de Noor Group (Société de télécommunications) en Égypte et un homme d’affaires avisé.
Passionné d’art depuis l’âge de 16 ans, il dirige la fondation Dalloul depuis 4 ans et il occupe une place importante dans les conseils d’administration de plusieurs musées internationaux.
La fondation Dalloul regroupe de très grandes collections d’art contemporain et moderne arabes, patiemment constituées par Ramzi, le père de Basel qui représente une grande notoriété dans ce domaine. Il avait en effet réussi, au fil des ans, à constituer un trésor de plus de quatre milles tableaux et œuvres signés par les plus grands peintres du monde arabe. Il les avait personnellement côtoyés et suivis dans leur propre itinéraire artistique. Chaque tableau est pour lui l’expression d’une légende, d’une histoire intime.
Cette collection unique en son genre d’art moderne et contemporain arabe qu’a acquis Ramzi Dalloul regroupe des artistes libanais, égyptiens, irakiens, syriens, tunisiens, algériens, marocains, yéménites…
Elle comprend des noms aussi prestigieux que Paul Guiragossian, Aymane Baalbaki, Nabil Nahas, Faeq Hassan, Dia Azzaoui, Sleimane Mansour, Samia Halaby, Amer Shomali…
Basel Dalloul continue de porter le flambeau en enrichissant l’héritage de son père et en concrétisant son rêve avec le projet d’ouvrir un grand musée à Beyrouth.
Comment en êtes-vous arrivé là ? Comment est née cette passion pour l’art ? Enfin est-il possible de concilier monde des affaires et monde de l’art ? A ces questions Basel Dalloul, nous répond :
« J’ai eu cette passion pour l’art depuis que je suis enfant. J’ai été inspiré par mon père et ma mère qui m’ont transmis cet amour pour l’art sous toutes ces formes. » Certes, ajoute-t-il, les deux mondes sont différents, mais l’un n’exclut pas l’autre. Ils sont complémentaires ».
Dalloul souligne qu’il supervise, à la fondation Dalloul, la collection entamée par son père qui sera exposée au nouveau musée qu’il compte inaugurer en 2020 à Beyrouth.
« Ça sera le plus grand musée d’art contemporain et moderne arabe dans la région. La fondation abritera également des activités permanentes et travaillera avec des musées internationaux. »
Plusieurs musées d’art existent déjà au Qatar, à Bahreïn, aux Émirats Arabes Unis mais le projet de la Dalloul Foundation est plus ambitieux concernant l’art contemporain et moderne arabe.
Mais pourquoi Beyrouth ? « Parce que, affirme-t-il, Beyrouth est une oasis de paix et de liberté où l’art peut s’épanouir. Beyrouth est une capitale culturelle et l’environnement est important. »
Dalloul est plus que jamais convaincu que l’art est une nécessité vitale aujourd’hui et constitue la meilleure réplique à la violence et au terrorisme qui nous entourent.
« On se doit de montrer notre richesse et diversité dans l’art, c’est quelque chose de très précieux » Mais il faut reconnaître aussi que beaucoup de tableaux représentent « l’état d’âme des artistes et témoignent souvent d’une réalité dure : c’est le cas de plusieurs peintres en Palestine, en Irak et en Syrie.
Dalloul a participé pour la 3ème année consécutive à l’organisation de Beirut Art Fair qui s’est tenue du 20 au 23 Septembre au Seaside Arena.
Cette version 2018 est plus agrandie et plus sélective et a regroupé un plus grand nombre de visiteurs qu’en 2017 dont plusieurs visiteurs venus du monde entier et des directeurs de musées.
Pour rappel, Beirut Art Fair avait accueilli plus 30.000 visiteurs en 2017 dont plusieurs visiteurs venus du monde entier et des directeurs de musées.
Mona Es Said