L’AKP remporte la majorité absolue alors que les nationalistes et les Kurdes connaissent un grave revers. Plus que le Premier ministre Ahmet Davutoglu, c’est le chef de l’État, Tayyip Erdogan, qui sort grand vainqueur du scrutin.
C’est une grande victoire pour l’AKP, le parti de la justice et du développement, qui frôle à nouveau les 50 % après avoir obtenu 41 % il y a 5 mois. Un bond de 9 points qui lui offre corrélativement près de 315 députés soit plus de 50 élus par rapport à juin dernier. Les kémalistes et les sociaux-démocrates du CHP (parti républicain du peuple) stagnent avec 25 % et 132 élus.
Les partis d’opposition sanctionnés
Ce sont les nationalistes du MHP (parti du mouvement nationaliste) et les Kurdes du HDP (parti démocratique des peuples) qui reculent fortement avec respectivement 12 % et 10 %.
C’est un énorme retournement. Les partis d’opposition qui avaient la possibilité de former une coalition contre l’AKP en juin accusent une réelle baisse.
L’intransigeance du leader nationaliste, Devlet Bahçeli, devenu rapidement le « Monsieur Non », explique en grande partie le score obtenu. La province d’Osmaniye, le seul bastion du MHP et circonscription de Bahçeli, offre la première place à l’AKP, c’est dire le désastre électoral.
De leur côté, les conservateurs kurdes du HDP (parti démocratique des peuples) ainsi que les conservateurs des deux partis religieux SP (parti de la félicité) et BBP (parti de la grande union) ont préféré voter pour l’AKP. La reprise des combats entre l’État et le groupe terroriste autonomiste PKK (parti des travailleurs du Kurdistan) ainsi que la menace djihadiste ont poussé les conservateurs à serrer les rangs derrière le gouvernement en place.
Tayyip Erdogan en position de force
Même si l’AKP n’obtient pas les 3/5e au Parlement, ce qui lui permettrait de soumettre un référendum constitutionnel, il n’en demeure pas moins que le chef de l’État, Tayip Erdogan, a désormais les mains libres pour imposer une pratique présidentialiste. Son Premier ministre, Ahmet Davutoglu, est un fidèle et même s’il est théoriquement le grand vainqueur, il ne devrait pas faire de l’ombre au président de la République. C’est donc vers un régime présidentiel de facto que la Turquie se dirige.
En outre, la marginalisation du MHP et l’affaiblissement du HDP permettent à l’AKP de relancer le processus de réconciliation avec les Kurdes. Erdogan peut encore une fois se présenter comme le véritable représentant de l’électorat kurde, composé majoritairement de conservateurs.
Enfin, ce score est de nature à calmer l’ardeur des dissidents au sein de l’AKP. Récemment, l’émergence d’un nouveau parti, sorti des entrailles de l’AKP, était largement discutée. C’est désormais un scénario improbable tant la confiance accordée au duo Erdogan-Davutoglu est sans appel.
Source : Zaman France
https://www.zamanfrance.fr/users/sami-kiliç