James Michel, président seychellois depuis 2004, a été réélu pour un troisième mandat, le 19 décembre dernier, face à son principal et vieux rival Wawel Ramkalawan. Cependant, la différence entre les deux candidats n’a jamais été aussi mince. En effet, pour la première fois, d’une part, le candidat du parti Lepep, au pouvoir depuis 1977, s’est vu imposé un second tour, d’autre part, il n’a obtenu que 50,15% des voix, soit une différence de 193 voix entre les deux candidats.
Pour la première fois, également, l’opposition a fait front commun au second tour en présentant un candidat unique. Certes, « le peuple a parlé, il a fait son choix », comme l’a déclaré le président Michel après l’officialisation de sa victoire. « Le peuple souhaite que je continue sur la voie que j’ai ouverte », a-t-il, cependant, ajouté, occultant le fait que la moitié des électeurs rejettent sa politique ou ont exprimé leur lassitude, quand ce n’était pas leur colère à l’encontre du parti au pouvoir, en votant pour l’opposition.
Malgré les appels de James Michel à « l’unité » et à respecter le résultat du scrutin, Wawel Ramkalawan et ses alliés, notamment le nouveau parti Lalyans Seselwa formé par Patrick Pillay, ancien ministre et des dissidents du parti Lepep, ont décidé d’un recours en annulation auprès de la Cour Constitutionnelle « pour qu’il y ait un recompte de tous les bulletins », convaincus que le scrutin a été entaché d’irrégularités, y compris par l’achat de votes.
Le scrutin présidentiel, et particulièrement le second tour, avait été placé, à la demande du gouvernement, sous le contrôle d’un groupe d’observateurs du Commonwealth qui devrait rendre son rapport prochainement. Cependant, suite à la démarche de l’opposition et à l’enjeu de ce scrutin, le secrétaire général, Kamalesh Sharma, est intervenu personnellement publiquement. « Je suis conscient que la marge de la victoire électorale au second tour était étroite et que le résultat est, maintenant, sujet à un enjeu légal. Il est de la plus grande importance pour le Commonwealth à ce moment critique et sensible que les procédures adéquates soient engagées pour répondre aux questions posées sur le processus électoral et son résultat », a-t-il déclaré dans un communiqué.
La tension était telle dans l’Archipel, particulièrement à Mahé et Praslin, les deux îles principales, qu’un appel au calme a été publiquement lancé par les autorités, les dirigeants de l’opposition et par le secrétaire général du Commonwealth. « Le Commonwealth attend des institutions nationales indépendantes et des procédures en place aux Seychelles qu’elles répondent (…) le plus rapidement possible, afin que le pays puisse avancer avec toute la clarté et la certitude nécessaires. »
Le président James Michel a annoncé qu’il n’attendrait pas la décision de la Cour Constitutionnelle et s’est remis au travail dès son investiture qui a eu lieu le 20 décembre, soit le lendemain de l’annonce des résultats : deux dossiers sur sa table auxquels il veut s’attaquer dans les premiers 100 jours suivant son élection : la mise en place, au niveau de la Commission de l’Océan Indien, d’une structure régionale de lutte contre le trafic de drogue, à l’instar de celle créée pour lutter contre la piraterie, et l’amélioration des services publics.