Youssou N’Dour a dénoncé un « coup de force » du président Wade. Que lui reproche le Conseil constitutionnel ? De ne pas avoir réuni assez de signatures, ce qu’il conteste vivement. Il dénonce le fait que c’est le ministre de l’Intérieur « qui compte et qui vérifie ». « C’est illégal et ils vont avoir une réponse politique. Les sages du Conseil constitutionnel ont eu des avantages, donc on prévoyait que la candidature de Wade allait être validée. Cette candidature ne devait même pas arriver au Conseil constitutionnel parce qu’elle n’est pas valable. Si on lit la constitution, la candidature de Wade n’est pas valable. On n’a pas le droit de briguer un 3è mandat. Le Conseil constitutionnel est responsable, de même que le gouvernement actuel donc, ils n’ont qu’à en assumer toutes les conséquences.
Selon Youssour N’Dour, la population est prête à reprendre son pouvoir « au vrai sens du terme, car c’était un bail. Cela suffit. Le Sénégal n’est pas un titre foncier pour Wade. Ce qui nous régit, c’est la Constitution. Si celui qui dit protéger la Constitution, la viole, il y a problème. Nous ne sommes pas étonnés de voir ce qui se passe aujourd’hui et cela ira crescendo. » a déclaré le candidat-chanteur- homme d’affaires.
Youssou N’Dour a décidé de déposer un recours. « Mais, personne n’est dupe, dit-il. La décision de ne pas valider ma candidature est strictement politique. » Et à cela, il répondra politiquement. Il va mobiliser ses partisans pour poser des actes forts. « Je suis prêt pour le combat et rien ne me fera reculer ».
Le Mouvement du 23 juin (M23) coalition de partis politiques de l’opposition et de la société civile qui conteste, également, la candidature de Wade, a appelé samedi, les Sénégalais à « marcher sur le palais de la République » pour « déloger » le président. « Le M23 mettra tout en oeuvre pour pouvoir organiser cette marche », a déclaré Aziz Diop, un des responsables du M23. Les partis membres de la coalition ont investi des candidats qui ont reçu l’aval du Conseil constitutionnel, dont les anciens Premiers ministres Moustapha Niasse, Idrissa Seck et Macky Sall ainsi que le chef du Parti socialiste (PS), Ousmane Tanor Dieng. Youssou N’Dour doit se réunir avec le M23 qui refuse que ces élections se passent dans de telles conditions.
La décision du Conseil constitutionnel a donné lieu à d’autres réactions. Le candidat et ancien Premier ministre Idrissa Seck s’est exprimé sur la validation de la candidature de Wade, mais n’a rien dit du rejet de celle de Youssou N’dour. : « C’est avec tristesse et consternation que j’apprends la décision du Conseil Constitutionnel de valider la candidature illégale d’Abdoulaye Wade, a-t-il dit. C’est une décision grave de conséquences pour la paix, la stabilité et la sécurité du Sénégal.Mais c’est surtout une décision surprenante et décevante pour tous les démocrates du Sénégal comme des pays amis.
Nous préciserons, dans les heures qui viennent, en concertation avec les partenaires des différentes organisations politiques et civiques, les actions à mener pour que soient préservées la République et la démocratie. »
Les États-Unis et la France ont, également, réagi. Dans un communiqué, Washington dit avoir « suivi de près le débat politique autour de ce sujet au cours de ces derniers mois. Le Sénégal a longtemps été un précieux modèle de stabilité dans la région, et ses traditions démocratiques ont été parmi les plus fortes en Afrique », estiment les Américains, qui encouragent tous les partis politiques et les citoyens sénégalais à participer pacifiquement au processus politique et « à veiller à ce que la prochaine élection présidentielle soit libre, juste, transparente et reflète la volonté du peuple ».
Le ministère français des Affaires étrangères a, également fait connaître sa position : « La liberté d’expression et de manifestation doit être partout garantie. La volonté du peuple sénégalais doit être respectée. Il appartient à chacun de faire preuve de responsabilité : dans ces élections, c’est l’avenir du Sénégal qui est en jeu ». Qui est le Jésuite qui a pondu ce texte ? demande un journaliste sénégalais sur les ondes. Youssou N’Dour, lui, estime que ces réactions sont plus que tièdes. « La communauté internationale doit être claire par rapport à ces élections. La constitution lui interdit. La communauté internationale est un peu floue par rapport à ça. Wade n’a pas le droit d’aller à ces élections. Il y a des risques de perturbations. Ses amis étrangers doivent lui dire ».