Interdite sous Nasser, réhabilitée par Sadate, tolérée par Moubarak… l’organisation des Frères musulmans est bannie à nouveau par le nouveau pouvoir égyptien du maréchal El-Sissi.
La justice égyptienne a ordonné, samedi 9 août, la dissolution du Parti de la liberté et de la justice, façade politique des Frères musulmans, qui dispose en outre une « organisation secrète » qui a eu à son actif, partout dans le monde arabe, un impressionnant bilan terroriste.
Dirigée actuellement par une génération fidèle à Sayyid Qutb, le doctrinaire pendu en 1966 par Nasser pour complot contre l’État, elle a toujours été une pépinière de tous les mouvements jihadistes violents, notamment Al-Qaïda. L’actuel chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawiri, en faisait partie.
Dans son discours d’investiture en juillet dernier, le président avait qualifié l’organisation de « Frères de Satan ».
Actuellement, les filières extérieures de cette organisation islamistes sont bien implantées en Turquie, au Qatar, en Jordanie, en Libye, à Gaza et au Maroc.
La confrérie des Frères musulmans avait été interdite en tant que telle par la justice en septembre 2013 mais la décision ne mentionnait pas à l’époque sa branche politique, ce qui rendait possible sa participation aux élections législatives.
Une « organisation terroriste » selon le nouveau pouvoir
Avec cette décision, les Frères musulmans, dont était issu l’ancien président islamiste déchu par l’armée Mohamed Morsi, ne peuvent officiellement plus participer aux consultations électorales.
La confrérie des Frères musulmans avait été déclarée « organisation terroriste » en 2013 après la destitution de Mohamed Morsi. Avant la destitution et l’arrestation de Mohamed Morsi, Liberté et Justice avait remporté, non sans fraude, toutes les élections depuis sa création en 2011 au lendemain de la révolte populaire ayant chassé du pouvoir Hosni Moubarak grâce à un coup d’État fomenté par l’armée. C’est cette même armée qui l’a destitué en raison de sa dérive autoritaire et la prétention de Morsi de transformer l’Égypte en une base pour tous les mouvements jihadistes dans le monde arabe. Depuis, le nouveau pouvoir réprime dans un bain de sang les Frères musulmans. De leur côté, les Frères musulmans mènent conjointement des actions de déstabilisation du nouveau pouvoir par des actions terroristes de plus en plus sanguinaires.