Soit Morsi gagne le bras de fer et là il aura réussi à installer une véritable dictature, soit il le perd et là ce sera le début de la fin de l’influence des Frères musulmans.
Ce qui se passe actuellement en Égypte signifie au moins une chose que l’élection du Frère musulman, Mohamed Morsi, à la présidence de la République est un mal pour un bien. Pourquoi ? Parce qu’il est en train de faire exactement ce que l’opposition démocratique, entre ceux qui ont voté pour Ahmed Chafiq, et ils sont nombreux, et la majorité des Égyptiens qui ne s’est pas rendue aux urnes, a prédit. En l’occurrence qu’un chef d’État islamiste ne construirait qu’un régime dictatorial. Malgré un discours modérateur à son installation, Mohamed Morsi ne se comporte pas comme le président de tous les Égyptiens, mais continue de donner l’image d’un homme toujours prisonnier de l’idéologie des Frères musulmans. Si les Égyptiens avaient quelque peu accepté les changements qu’il a opérés au sein de l’état-major de l’armée, ils n’ont pas, en revanche, admis qu’il s’octroie des pouvoirs aussi élargis que même Hosni Moubarak n’avait pas à son époque. Morsi a peut-être oublié que son élection n’a pas été un raz-de-marée. Il a été élu avec 13 millions de voix sur 25 millions d’électeurs, alors que son opposant Ahmed Chafiq a récolté plus de 12 millions de voix. Des chiffres qu’il est nécessaire de rappeler pour dire que l’Égypte a voté pour une démocratisation du système et non pour une nouvelle dictature, quelle que soit son idéologie. Alors que les Frères musulmans depuis Hassan El-Bena ont toujours lutté contre le régime en place en le qualifiant de dictatorial et en assassinant même le président Anouar el-Sadate, voilà qu’ils se comportent exactement de la même manière en arrivant au pouvoir. La répression sanglante de la manifestation qui se poursuit à la place El-Tahrir et la déclaration constitutionnelle de Morsi le prouvent. Et ce n’est que le début. Les parrains occidentaux du Printemps arabe ont appelé au dialogue pour éviter une crise majeure en Égypte. L’armée est sortie de sa réserve pour rappeler qu’elle pouvait toujours assurer son rôle de gardien de l’ordre républicain. Le combat pour la démocratie qui se déroule en Égypte, et au-delà du fait qu’il a mis à nu les islamistes, aboutira inéluctablement à deux résultats soit Morsi gagne le bras de fer et là il aura réussi à installer une véritable dictature, soit il le perd et là ce sera le début de la fin de l’influence des Frères musulmans.
Liberté