L’élection présidentielle achevée, quelques indications sur la politique de la future équipe gouvernementale peuvent déjà être données.
La première est la traduction par Comaguer d’un article publié avant le second tour (le 1er mai précisément) par le site russe de géopolitique « Strategic Culture Foundation » sous la plume d’Igor Ignatchenko. Il se place dans l’hypothèse largement admise chez tous les observateurs internationaux d’une victoire de François Hollande qui avait été donné vainqueur par tous les sondages depuis les primaires socialistes et que les électeurs français ont eu l’aimable obligeance de valider.
Le face-à-face télévisé du 2 mai a confirmé qu’en matière de politique étrangère il n’y avait pas d’opposition entre les deux candidats. En effet la séquence de politique étrangère a été reléguée en fin de débat, écourtée et consacrée à deux questions mineures. La première concernait l’Afghanistan mais il n’a été question dans la bouche du nouveau Président ni de l’opportunité, ni du coût, ni des résultats de cette guerre vieille de 11 ans et le débat s’est réduit à la date du rapatriement des troupes françaises, les deux duellistes étant d’accord sur le principe du rapatriement. La seconde a été une simple évocation sans débat de la crise sahélo-malienne où on a gentiment agité la marionnette du « terrorisme islamiste » mais qui a quand même permis au président battu de manifester sa condescendance toute coloniale en parlant de « ATT » l’ex président malien. Sous cet acronyme quelques spécialistes de la politique africaine auront évidemment reconnu Amadou Toumanu Toure mais c’était aussi inélégant et méprisant dans la bouche d’un chef d’État encore en fonction que de dire « Machin, le type du Mali ».
Une observation : le chroniqueur russe attribue à la seule Marine Le Pen le mérite d’avoir demandé la sortie de la France de l’Otan et il oublie donc de mentionner que cette question était également abordée dans le programme de Jean-Luc Mélenchon. Bien sûr celui-ci n’ignorait pas que sur ce sujet il n’avait aucune chance d’être entendu par le nouveau président mais ce rappel des faits était nécessaire.
La seconde est le résumé d’un article publié le 7 mai 2012 dans la version espagnole du Réseau Voltaire et qui donne quelques précisions sur les futures relations de la France avec le Qatar, leader des émirats réactionnaires du Golfe dans la contre-révolution arabe. Le 2 février 2012, l’émir Hamad ben Khalifa al-Thani a reçu à Doha l’envoyé spécial de François Hollande : Laurent Fabius, très probable ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement. Il s’agissait d’organiser après le changement de pouvoir la poursuite des relations très étroites nouées par le couple présidentiel français avec l’Émir qui n’hésitait pas à mettre à leur disposition son avion privé, s’était vu ouvrir les portes de la France pour ses investissements, avait été aidé dans ses achats immobiliers à Paris tant par le maire Bertrand Delanoë que par le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand. Il avait par ailleurs, en violation flagrante de la résolution de l’Onu, embauché et équipé 5 000 mercenaires pour mener la guerre au sol contre le régime libyen pendant que l’armée française bombardait le pays, mercenaires qui furent, pour tout ou partie, transférés en Syrie une fois tombé le régime Kadhafi.
Nul n’ignore d’autre part que l’émir est le propriétaire de la chaîne Al-Jazeera qui est aujourd’hui la voix de la réaction arabe.
En 2006, François Hollande avait déclaré que la diplomatie du Qatar « poursuivait son chemin dans le sens de la stabilité et de la recherche de la paix. » Opinion largement partagée par le gouvernement de Tel-Aviv. À la lumière de la montée en puissance de l’émir du Qatar comme leader de la contre révolution arabe, révisera-t-il son jugement ?
Source : https://comaguer.over-blog.com