Selon les documents fuités du Pentagone, Kiev espérait utiliser les forces kurdes supplétives des Etats-Unis en Syrie (Les FDS) pour mener une guerre par procuration contre Moscou.
Par Kyle Anzalone
L’agence de renseignement militaire de Kiev pensait pouvoir mener des attaques contre les soldats russes et les forces du groupe Wagner en Syrie, obligeant Moscou à redéployer des moyens militaires depuis l’Ukraine. L’histoire a été rapportée par le Washington Post à partir de documents rendus publics par Jack Teixeira.
Les responsables ukrainiens de la défense pensaient pouvoir utiliser les forces kurdes pour mener une guerre par procuration contre la Russie en Syrie. Selon le Post, ce projet ne s’est jamais concrétisé, le président Volodymyr Zelensky ayant ordonné l’arrêt de la planification en décembre.
Il semble que des fonctionnaires ukrainiens aient engagé des discussions avec les Forces démocratiques syriennes, une milice kurde soutenue par les États-Unis. Les documents indiquent que les responsables kurdes ont demandé une formation sur les drones et les défenses aériennes. En outre, les Kurdes ont déclaré qu’ils n’attaqueraient pas les positions russes dans les zones tenues par les FDS et ont demandé que leur rôle dans les opérations soit tenu secret.
L’Ukraine a refusé de répondre aux questions concernant le document. Un responsable kurde a affirmé que ces informations étaient fausses.
Les forces russes sont présentes en Syrie depuis 2015. Le président Vladimir Poutine a ordonné à ses soldats d’aider le gouvernement syrien dirigé par Bachar el-Assad. Au moment de l’intervention russe, Al-Qaïda en Syrie et ISIS menaçaient de renverser Damas. Les soldats russes ont aidé les forces syriennes à repousser l’avancée des groupes djihadistes.
Alors que Moscou poursuit ses opérations militaires en Syrie, le Kremlin tente de mettre fin au conflit par des moyens diplomatiques. Poutine tente de négocier un accord pour normaliser les relations entre la Syrie et l’Arabie saoudite. Riyad a été l’un des principaux soutiens des militants anti-Assad en Syrie et a subi des pressions de la part de Washington pour continuer à isoler Damas.
Le document indique que M. Zelensky pourrait autoriser la poursuite des opérations, mais qu’il aurait probablement besoin de l’aide des États-Unis et de la Turquie. Ankara pourrait ne pas être disposée à soutenir cette guerre secrète par procuration, car elle considère les FDS comme une organisation terroriste et s’oppose depuis longtemps à ce que Washington arme les Kurdes syriens.
En outre, ces opérations pourraient enflammer la guerre en Syrie. Cette guerre, qui dure depuis dix ans, a connu une baisse de la violence ces dernières années, Assad et ses alliés ayant consolidé leur contrôle sur la majeure partie du territoire syrien. Les États-Unis et les FDS occupent le tiers oriental du pays. Toutefois, les dirigeants des FDS se sont montrés disposés à travailler avec Moscou. Si les forces kurdes s’autorisent à devenir une force mandataire de Kiev, Moscou ciblera probablement de manière agressive les positions des FDS dans l’est de la Syrie.
*Kyle Anzalone est rédacteur en chef de Antiwar.com, rédacteur en chef de l’Institut libertarien et co-animateur de Conflicts of Interest.