Témoignage d’une Française, épouse d’un Franco-Syrien, qui a séjourné en Syrie du 19 mai au 12 juin 2012.
Française, épouse d’un Français d’origine syrienne, nous nous rendons régulièrement en Syrie depuis 2001. Alors que ce pays offrait une totale sécurité, les « amis de la Syrie » y ont semé la violence.
À Alep, des bandes armées ont fait leur apparition dans le 2e semestre 2011 : Kidnapping, demandes de rançons… Une mafia très lucrative. Nous avons eu connaissance de nombreux récits d’enlèvements à toute heure et à tout endroit à Alep à un rythme quasi quotidien. Les enfants ont pris l’habitude de téléphoner à leurs parents dès leur arrivée et départ de l’école.
Les militaires et policiers sont les cibles privilégiées pour ceux qui sont payés pour tuer. Ainsi, un commandant de 35 ans a été abattu de 2 balles dans la tête un matin à 8 h 30 alors qu’il achetait du pain.
Les commerçants ferment sur ordre d’hommes armés qui menacent de brûler leur boutique. Ainsi, le 2 juin, à la Médine (anciens souks) tout était fermé. Les médias français parlent alors de grève générale anti régime.
Lors de manifestations pro Bachar, des hommes armés s’infiltrent et se mettent à tirer dès que la foule est dense. Ceci est filmé et envoyé aux chaînes de télévision. Le pouvoir conseille de ne pas faire de manifestations de soutien pour éviter ces tueries.
Une bombe est posée, dès que l’équipe de déminage est à l’œuvre, une seconde bombe explose, l’objectif est de faire un maximum de victimes dont les démineurs.
Des usines ont été brûlées, et pour celles qui restent des vigiles ont été recrutés. De même pour se protéger des menaces, les hommes d’affaires font appel à des gardes du corps qui perçoivent le salaire de la peur. Identifiés, ils sont à leur tour objets de menaces de mort.
Les jeunes ne trouvent pas de travail. Pour les Aleppins qui ont encore un emploi ils risquent leur vie tous les jours pour s’y rendre (attaques d’hommes armés), les usines étant à la périphérie d’Alep.
Alep qui connaissait une vie nocturne jusqu’à 2h du matin est une ville morte à 22 h 30. Les taxis qui craignent aussi les agressions sont rares. Dans la journée, la vie est normale même si chacun redoute la présence d’une bombe.
La population qui est confrontée aux kidnappings, bombes, asphyxie des commerces, connaît des difficultés d’approvisionnement en fuel, essence et gaz. Il n’y a pas pénurie en Syrie, mais les véhicules de transport sont attaqués et brûlés sur les routes. Le prix de la bouteille de gaz a été multiplié par 7. Aucun Aleppin ne se rend à Homs avec sa voiture, l’immatriculation en fera une cible de choix pour l’ASL (armée libre)
Très clairement, les rebelles veulent faire payer aux Aleppins leur soutien au régime. Alep souffre mais reste derrière son président et vit comme une trahison la position de la France envers la Syrie. Des élections ont eu lieu, les Syriens ne veulent pas que l’étranger décide à leur place. Ils aspirent à plus de démocratie et une lutte contre la corruption, soutiennent les réformes engagées par le nouveau parlement et leur président.
L’embargo décidé par l’UE s’applique aussi au domaine de la santé preuve que les « amis de la Syrie » font peu de cas de la vie des Syriens. Des médecins nous ont confié ne plus avoir le nécessaire pour les chimios. Les laboratoires étrangers se sont retirés avec les molécules utilisées dans la fabrication des médicaments.
Pour ceux qui à l’étranger souhaitent apporter leur aide, il est impossible de virer de l’argent et impossible d’en retirer sur place (d’un compte en France par exemple).
À Damas, tout semble comme avant, vie diurne et nocturne, malgré la menace des bombes. Cependant, beaucoup d’hôtels ont fermé, le tourisme est inexistant
À Homs, un seul quartier reste occupé par les rebelles. Les habitants se sont réfugiés dans les villages alentours chez la famille ou des amis. La sœur d’une amie a dû quitter sa maison dans le quartier Hamidiyé pour faire soigner son fils à Alep. Plutôt que de la voir saccagée par les rebelles, elle a donné les clefs à une famille musulmane qui passait dans la rue et se trouvait sans logis. Un mois après lors d’une visite, elle a constaté le bon entretien des lieux.
Dans les villages chrétiens et alaouites à 40 km de Homs, les réfugiés de Homs ont gonflé le nombre d’habitants, mais la vie est normale et il n’y a pas de pénurie de gaz, essence ou fuel. Les habitants se sont organisés pour se défendre de l’intrusion des bandes armées et contrôlent eux-mêmes tout véhicule suspect.
Pour se rendre d’une ville à l’autre, les Syriens qui le peuvent, se déplacent en avion mais il faut réserver les places un mois avant le voyage.
Peu prennent le train, les bandes armées ou rebelles procèdent à des actes de vandalisme sur les voies ferrées de façon récurrente.
Les autobus roulent : les chauffeurs connaissent les routes et la manière de passer les barrages de l’ASL ou de contourner les villages à risques.
Sur les grands axes routiers, l’ASL effectue des contrôles et abat sur le champ un militaire présent. Les Syriens sont d’une façon générale très remontés contre l’OSDH et les pseudos amis de la Syrie qui ont pris les armes dès le début des événements et sèment le chaos.
Le peuple constate que les violences ont redoublé depuis la présence des forces de l’Onu : les opposants, mercenaires payés par le Qatar et l’Arabie Saoudite, commettent des massacres qui sont imputés à l’armée syrienne, armée nommée par nos médias « armée de Bachar ». Doit-on dire l’armée de Hollande ou l’armée de la France ?
Ainsi, le massacre de Houla est parlant : il s’agit de 2 grandes familles alaouites dont celle d’un député au parlement.
Le responsable d’une usine à 20 mn d’Alep, nous a expliqué que tous les ouvriers essentiellement sunnites de la région d’Idleb, perçoivent tous les vendredis après la prière au sortir de la mosquée, l’équivalent de 2 jours de salaire pour aller manifester ou tuer.
Il n’y a pas de guerre civile en Syrie, les communautés continuent de vivre en harmonie. Il y a des actes de barbarie et de violence de la part de mercenaires et de l’ASL contre des minorités pour provoquer une guerre civile. Les pseudos révolutionnaires sont avant tout des mercenaires qui œuvrent pour leur propre compte. Avant toute chose, démocratie incluse, le peuple demande la sécurité, et souhaite l’intervention de l’armée syrienne pour éradiquer les violences.
Monsieur Sarkozy a en son temps exprimé au patriarche maronite venu le rencontrer que les chrétiens d’orient devaient laisser leur pays aux musulmans et que leur avenir était en Europe. Par contre, la France a refusé et refuse de délivrer des visas aux chrétiens.
L’occident applique en Syrie le même scénario qu’en Irak et en Libye. Les pseudos révolutionnaires pro démocrates dans nos médias sont avant tout des mercenaires qui travaillent pour leur propre compte. L’opposition en Syrie (dont certains ont fait des années de prison) participe de façon légale au changement.
Les gens sont écœurés par le manque d’objectivité des médias français. La seule source, l’OSDH, basée à Londres, est animée par un homme, frère musulman, payé par les services secrets britanniques. Une personne nous a raconté qu’en mai il a arrêté un homme qui venait de voler un téléphone portable à Slémaniyé (Alep). La police est arrivée, le lendemain les télévisions étrangères faisaient passer le voleur pour un manifestant pacifiste anti régime.
Pour terminer, je voudrais dénoncer un scandale sur l’exploitation faite par certains sur le désarroi d’autres. Un maître d’hôtel que nous rencontrons à chacune de nos venues en Syrie, père de 2 enfants, nous a dit avoir obtenu un visa Shengen pour la France. Devant notre étonnement, il nous a confié que sa sœur à Istanbul a versé 7 000 euros (un an de salaire en Syrie avant les événements) à une personne de l’ambassade de France. Il va donc quitter la Syrie et venir en Europe pour travailler et faire venir sa famille. Nous comptons alerter le ministère des Affaires étrangères et vous tiendrons au courant d’une hypothétique réponse.