
– Manifestation de soutien en Allemagne à la Palestine soumise au régime de l’Apartheid. DR
Pendant deux nuits consécutives cette semaine, au cours du mois sacré du Ramadan, les militaires israéliens ont pris d’assaut la mosquée Al-Aqsa. Ils sont entrés dans la mosquée avant la fin de la prière, tirant des balles en caoutchouc, des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes sur les fidèles palestiniens. Ces événements ont fait au moins 12 blessés parmi les Palestiniens et plus de 400 personnes ont été arrêtées la première nuit. À la suite de ce raid, la violence israélienne s’est étendue à toute la Cisjordanie. Des dizaines de personnes ont été blessées en inhalant des gaz toxiques tirés par les forces israéliennes, et un colon de Jérusalem-Est occupée a tiré sur un enfant palestinien.
Par Nour*
Après le raid sur Al-Aqsa dans la nuit de mercredi à jeudi, des colons israéliens ont été escortés par les forces israéliennes jusqu’à Al-Aqsa jeudi matin. Avant leur arrivée, les fidèles palestiniens ont été forcés de quitter les lieux afin que ceux-ci puissent être sécurisés pour les colons à l’occasion du premier jour de la fête de la Pâque juive. Cette politique de deux poids,
deux mesures n’est pas rare en Israël, car elle est inhérente à la structure de l’État colonial des colons. Les Palestiniens vivant en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est (80 % de la population palestinienne) sous contrôle israélien ne sont pas des citoyens et ne peuvent pas devenir des citoyens de l’État dans lequel ils vivent, pas plus qu’ils ne peuvent voter pour le gouvernement qui contrôle leur vie. Les 20 % de Palestiniens restants, qui ont la citoyenneté israélienne, ont un statut de deuxième classe.
Récemment, le monde a vu les colons israéliens se rassembler dans une manifestation permanente pour protéger leur « démocratie ». Depuis le 7 janvier, une foule de plus de 100 000 personnes a manifesté chaque samedi en réponse à une réforme judiciaire proposée par le gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahu. Les manifestants considèrent le projet de réforme, qui a été suspendu, comme une menace pour la démocratie.
Mais il faut se demander pour quoi ces manifestants se battent-ils vraiment ? Comment peut-il y avoir une démocratie dans un État d’apartheid ? De quelle démocratie s’agit-il ?
L’idée que la « démocratie » israélienne puisse être protégée en bloquant la réforme judiciaire est un mythe. Tous les projets démocratiques d’Israël ont été anéantis lors de la Nakba en 1948. En fait, le plan de réforme est un produit de l’État colonial des colons, car il permettrait d’expulser les Palestiniens de leurs maisons encore plus efficacement qu’auparavant, ce qui est un objectif fondamental du mouvement sioniste.
Il s’agit d’une lutte pour maintenir et protéger le statu quo pour les Israéliens, et non pour les Palestiniens à qui Israël refuse tous les droits démocratiques fondamentaux depuis 1948. Pour les Palestiniens, il n’y a pas de démocratie.
Malgré ces actes flagrants de violence injustifiée commis par Israël, les Israéliens ne manifestent aucune indignation. Les dizaines de milliers de personnes qui se sont manifestées la semaine dernière pour « protéger la démocratie » sont soudainement silencieuses. De plus, les fidèles palestiniens sont battus par Israël en permanence, et cette violence est routinière pendant le Ramadan. En 2021, Israël a déclenché un bombardement de 11 jours sur Gaza pendant le ramadan et les Israéliens n’ont pas protesté pour empêcher que cela ne se produise. C’est la preuve que le mouvement pour la démocratie en Israël n’a rien à voir avec la démocratie, mais qu’il vise à maintenir l’État d’apartheid d’Israël tel qu’il existe depuis 75 ans, aux dépens des Palestiniens.

– L’idée que la « démocratie » israélienne peut être protégée en bloquant une réforme judiciaire fascisante est un mythe. Tous les projets démocratiques d’Israël ont été anéantis lors de la Nakba en 1948. En fait, le plan de réforme est un produit de l’État colonial des colons, car il permettrait d’expulser les Palestiniens de leurs maisons encore plus efficacement qu’auparavant, ce qui est un objectif fondamental du mouvement sioniste. Le mouvement pour la démocratie en Israël n’a rien à voir avec la démocratie, mais qu’il vise à maintenir l’État d’apartheid d’Israël tel qu’il existe depuis 75 ans, aux dépens des Palestiniens. Dessin de Latuff.
Il est insultant que les Israéliens lancent ce mouvement « démocratique » alors que les Palestiniens sont ignorés depuis des décennies. Pendant ce temps, aux États-Unis, notre gouvernement est le premier bailleur de fonds étranger d’Israël, ce qui signifie que nous avons la responsabilité de lui demander des comptes. Pourtant, année après année, une majorité d’Américains reste silencieuse pendant que notre gouvernement aide et encourage l’apartheid extrêmement antidémocratique d’Israël à l’égard des Palestiniens.
Si les États-Unis veulent vraiment répandre la démocratie dans le monde, ils doivent cesser de financer des violences et des violations des droits de l’homme aussi flagrantes. On ne peut tout simplement pas avoir le beurre et l’argent du beurre.
*Nour est chargée de campagne pour la Palestine et l’Iran au sein de CODEPINK. Nour a obtenu une licence en études internationales à l’université DePaul en juin 2022. Elle milite pour la libération de la Palestine depuis plus de 5 ans, notamment en s’organisant au sein de son université. Elle s’organise également autour de questions connexes, telles que l’abolition.
Cette tribune a été publiée en anglais sur le site américain Antiwar.com
https://www.antiwar.com/blog/2023/04/07/democracy-or-apartheid-you-cant-have-both/