Rien ne va plus à la Cour pénale internationale. Sous le coup de critiques récurrentes notamment en raison de son tropisme africain prononcé et de son instrumentalisation par les grandes puissances, la juridiction internationale créée à Rome pour juger les crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de génocide peine à effectuer sa mission.
Après avoir dû abandonner, faute de preuves, les charges retenues contre le président kenyan, Kenyatta, la Cour pénale internationale (CPI) a décidé de suspendre les enquêtes sur des accusations de crimes de guerre au Darfour. Le président kenyan, qui clame son innocence depuis le début de l’affaire et s’est même rendu, une première pour un chef d’Etat en exercice, au siège de la Haye pour être entendu, s’en tire à bon compte. De même, le président soudanais Omar el-Béchir, crie victoire, indiquant que cette décision était une victoire de la volonté du peuple soudanais, qui a refusé de remettre tout responsable soudanais à la CPI. La cour a été aussi dépossédée de fait du dossier Seif el-islam Kadhafi par les nouvelles autorités libyennes qui ont entrepris de le juger elles-mêmes.
Première victime de cette descente aux enfers de la Cpi : la procureure de la CPI, la Gambienne Fatou Bensouda, déjà obligée, dans le cas de l’Ivoirien Laurent Gbagbo, de revoir sa copie pour apporter des preuves à l’appui de sa poursuite. Au-delà de la gambienne, c’est l’institution elle-même qui risque de payer les pots cassés. Déjà amoindrie par l’impossibilité de mener des enquêtes approfondies sur le terrain et la raréfaction des ressources, la juridiction internationale pourrait être en train de vivre ses derniers jours.