Dans son dernier rapport sur la Côte d’Ivoire, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme appelle la justice ivoirienne à s’exercer également en direction du camp pro-Ouattara, afin que toutes les victimes puissent bénéficier de la vérité.
Me Patrick Baudoin, président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) a présenté le dernier rapport de son organisation intitulé Côte d’Ivoire : la lutte contre l’impunité à la croisée des chemins. La « justice des vainqueurs » est régulièrement dénoncée en Côte d’Ivoire, notamment parce qu’actuellement, seul le clan des pro-Gbagbo est poursuivi devant les tribunaux ; aucune personnalité pro-Ouattara n’est même seulement menacée de procès. Me Patrick Baudouin demande aux autorités ivoiriennes d’accélérer le processus d’enquête visant « les présumés responsables du camp pro-Ouattara pour donner une crédibilité, de l’impartialité à cette justice ».
Les conclusions de la Commission nationale d’enquête ivoirienne, publiées en août 2012, révèlent que la crise née après que Laurent Gbagbo, président sortant lors de l’élection de 2010, a refusé de reconnaître la victoire de son adversaire, Alassane Ouattara, a fait 3 248 morts. 1 452 sont imputables aux forces pro-Gbagbo et 727 aux FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire, pro-Ouattara). Le reste est dû à des forces non conventionnelles.
Pour l’instant, un seul un membre des FRCI est inculpé, contre environ 70 chez les pro-Gbagbo, selon le comptage de la FIDH et de ses ONG partenaires. « Mais, affirme Me Baudouin, les avancées réalisées par la justice ivoirienne sont insuffisantes pour entrevoir, dans un avenir proche, un grand procès de la crise postélectorale dans des conditions acceptables ». Les enquêtes et les procédures doivent être rééquilibrées pour garantir aux victimes le droit à la vérité, à la justice et aux réparations. Il s’insurge contre cette justice « sélective » et « à deux vitesses » qui ne peut, selon lui, que discréditer le pouvoir ivoirien.