Le président ivoirien Alassane Ouattara s’est rendu en visite de travail à Paris début décembre, en particulier pour assister à la réunion du Groupe consultatif pour le financement du plan national de développement (PND) 2012-1015, qui s’est tenue les 4 et 5 décembre dans les locaux de la Banque mondiale. À la tête d’une délégation qui comprenait, outre le premier ministre Daniel Kablan Duncan, également titulaire du portefeuille de l’Économie et des Finances, le ministre du Plan et du Développement, Albert Mabri Toikeusse.
Leur présentation des derniers résultats du pays a mis en lumière le très bon taux de croissance de 2012, à savoir 8,6 % et, selon le Fonds monétaire international, les prévisions sont bonnes malgré la crise mondiale : 8 % en 2013 et 7,4 % en 2014. L’inflation 2012 a été maintenue aux alentours de 2 %. Le point d’achèvement de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) a été atteint en juin dernier, ce qui a entraîné une annulation de dette de l’ordre de 2,9 milliards d’euros. Dans son plaidoyer, la délégation a été efficacement secondée par le vice-président de la Banque mondiale, Makthar Diop, qui a demandé aux partenaires bailleurs de fonds de « créer une union sacrée autour de la Côte d’Ivoire ». Celle-ci représente aujourd’hui 40 % des richesses produites par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Autrement dit, le « miracle ivoirien » cher à feu le président Houphouët-Boigny semble renaître de ses cendres.
La stratégie mise en place pour convaincre s’appuie, comme l’a soutenu Alassane Ouattara, sur « le renforcement de la sécurité intérieure », grâce à la réforme de l’armée en cours. Le renforcement des institutions, de la démocratie et la lutte contre la corruption entrent également dans ce plan de redressement. « Les élections législatives [des 11 décembre 2011 et 26 février 2012] ont été libres et transparentes, comme le seront les municipales et régionales prévues pour février 2013 », a-t-il martelé. Cela posé, le PND 2012-2015, « qui vise à faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 », a rappelé Ouattara, est axé sur tous les grands secteurs économiques traditionnels : infrastructures, mines, énergie, pétrole, industrie, télécommunications, logements, bâtiments et travaux publics, ainsi que, bien sûr, l’éducation, la santé et l’environnement. De son côté, « le gouvernement maîtrise la dette extérieure et s’engage à améliorer la rentrée des recettes fiscales », a promis le président ivoirien.
Il faut croire que son plaidoyer a été entendu, car les bailleurs de fonds – partenaires bilatéraux, multilatéraux, grandes organisations d’aide au développement et investisseurs privés – ont accepté d’octroyer à la Côte d’Ivoire quelque 6,5 milliards d’euros. Un signe très positif, qui lui a été confirmé par son homologue français François Hollande, avec qui il s’est entretenu pendant plus d’une heure. Les deux présidents ont, entre autres, évoqué la situation du couple Gbagbo, Laurent et son épouse Simone, qui fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt international.