Droit dans les bottes de son père Kim Jong-il, Kim Jong-un poursuit la voie nucléaire tracée par lui. Après l’essai raté du lancement d’une fusée en avril 2012, suivi d’un autre, cette fois réussi, en décembre dernier, le maître de Pyongyang vient de procéder à un nouvel essai nucléaire, le troisième après ceux réalisés par son père en 2006 et 2009. Selon l’agence d’information officielle nord-coréenne KCNA, la cuvée atomique 2013 est destinée à « protéger la sécurité nationale et [la] souveraineté » du pays « contre l’hostilité continue des États-Unis ». Sans attendre, ceux-ci, le Japon et la Corée du Sud ont fermement condamné les nouvelles « provocations » nord-coréennes et appelé à des sanctions. De son côté, la Chine a exprimé sa « ferme opposition » et enjoint son allié à ne commettre « aucun acte qui aggraverait la situation ».
Depuis l’essai nucléaire de 2006, Beijing a clairement pris ses distances avec Pyongyang, allant jusqu’à voter au Conseil de sécurité de l’Onu un alourdissement des sanctions à son égard. L’aventurisme nucléaire des Kim déplaît à Beijing qui ne veut pas d’une course à l’armement atomique en Asie du Nord-Est. Après l’essai nucléaire du 12 février, les médias chinois ont réclamé des sanctions économiques à l’égard de Pyongyang. Des menaces qui ne peuvent pas être prises à la légère par Kim Jong-un car le grand frère chinois représente 80 % du commerce extérieur de son pays. En même temps Kim Jong-un sait que la Chine ne l’abandonnera pas, car l’effondrement de son régime signifierait une réunification des deux Corées sous parapluie américain. Une perspective bien plus inquiétante pour Beijing qu’une péninsule coréenne nucléarisée.
Ironie de l’histoire : le troisième essai nucléaire officiellement dirigé contre l’ennemi américain sert les ambitions du Pentagone. Rien de tel que la menace réelle ou imaginaire d’une prolifération nucléaire pour justifier le « pivotement » des forces navales américaines dans le Pacifique.