Dans l’esprit des Américains et des Européens, l’embargo économique va faire plier l’Iran. C’est une erreur majeure. La preuve : cela fait trente ans que cette théorie circule dans les sphères de pouvoir sans qu’elle ait jamais porté ses fruits.
Les mesures de répressions économiques envers la République islamique ne semblent pas porter leurs fruits. Pire, elles sont néfastes aux classes moyennes du pays, qui subissent la double peine du régime et des sanctions internationales, estime Bernard Hourcade, directeur de recherche CNRS.
Dans l’esprit des Américains et des Européens, l’embargo économique va faire plier l’Iran. C’est une erreur majeure. La preuve : cela fait trente ans que cette théorie circule dans les sphères de pouvoir sans qu’elle ait jamais porté ses fruits.
Au contraire, ces mesures n’ont fait que renforcer la République islamique qui s’est repliée sur elle-même et a fait de la question nucléaire un enjeu diplomatique et une ambition nationale.
Le régime a l’argent et l’énergie pour poursuivre dans cette voie, sanctions internationales ou non : avec quelque 100 milliards de devises étrangères rapatriées sur son sol, il pourrait continuer à fonctionner sans vendre un seul baril de pétrole pendant presque deux ans et demi!
Le pire, c’est qu’au lieu de pénaliser le pouvoir ces sanctions frappent la classe moyenne qui vit coincée entre le marteau et l’enclume, les mesures de rétorsion, d’une part, la répression conduite par le pouvoir, de l’autre.
Cette frange de la population diplômée, à l’extraction familiale modeste et qui ne vit pas de la terre, n’a plus de débouchés professionnels : l’industrie est exsangue et le commerce international, inexistant. Il ne lui reste que l’économie informelle, les petits trafics, la solidarité familiale ou les postes dans l’administration…
Si les dirigeants internationaux connaissaient mieux la situation intérieure et les difficultés que rencontre la population iranienne, ils chercheraient à négocier avec le pouvoir plutôt que de spéculer sur des condamnations de l’ONU qui ne changent rien.
Marianne 2
2 Janvier 2013