L’hypothèse officielle d’un « accident » causé par un court-circuit qui aurait provoqué la gigantesque explosion d’un dépôt de munitions semblait avoir été écartée au profit de celle d’une probable tentative de coup d’Etat.
C’est dans un contexte socio-politique hautement explosif que se tiendront dimanche 15 juillet les élections législatives congolaises. En effet depuis la mise en examen en mai dernier de 26 personnes pour atteinte à la sûreté de l’Etat, en marge de l’enquête sur l’explosion du dépôt de munitions de Mpila à Brazzaville, l’hypothèse d’une possible tentative de déstabilisation de l’appareil étatique apparaît de plus en plus crédible et de nature à impacter le processus électoral en cours.
Près de 4 mois après l’explosion d’un dépôt de munitions à Brazzaville, qui avait fait 282 morts et plus de 2 300 blessés, l’arrestation puis l’emprisonnement de 26 personnes, dont le Colonel Marcel Ntsourou – numéro deux du Conseil National de Sécurité (CNS) et proche du Président Sassou Nguesso – ont fortement fragilisé l’environnement politique national. Depuis, l’hypothèse officielle d’un « accident » causé par un court-circuit semblait avoir été écartée au profit de celle d’une probable tentative de coup d’Etat. Toutefois, au regard des avancées de l’enquête et des témoignages recueillis, les accusations initiales portées contre Marcel Ntsourou semblent moins crédibles, et pourraient avoir fait l’objet d’une tentative de manipulation politique dans ce contexte électoral d’importance pour le gouvernement. En effet, alors que le parquet brazzavillois a retenu 11 chefs dinculpation contre les suspects, dont celui datteinte à la sûreté de lEtat, accréditant de facto lhypothèse dun acte criminel, de nombreuses autres charges ont été ajoutées aux dossiers de certains accusés, vraisemblablement afin de crédibiliser une instruction à charge pour tentative de coup d’Etat. L’Organisme Congolais des Droits de l’Homme (OCDH) a ainsi vivement contesté cette surenchère des actes d’accusation, qui n’auraient aucun lien avec l’affaire de Mpila, voire auraient été rédigés pour occuper le champ médiatique et déstabiliser l’opposition dans la perspective des législatives. Lexplosion du 4 mars a ainsi engendré une nette dégradation du contexte socio-politique congolais, également amplifiée par le retard pris par les autorités à mettre en place les mesures durgence et à verser les premières indemnités promises aux sinistrés. L’opposition s’est alors affirmée, critiquant la mauvaise gestion de la catastrophe et s’associant largement aux mouvements de contestation de la société civile. Depuis, des sources concordantes accusent le régime d’avoir fait pression sur les enquêteurs afin d’orienter l’enquête de manière à « re-crédibiliser » le pouvoir en place face à cette opposition de plus en plus influente et politiquement menaçante. En effet, lopposition sest considérablement renforcée ces derniers mois à la faveur de la montée en puissance de mouvements de contestation du régime en place et de certaines de ses décisions polémiques. A ce titre, la constitution du fichier électoral national a engendré de vifs échanges entre les différents partis politiques en raison de l’absence de transparence et de véritable indépendance présumées de la Commission Nationale d’Organisation des Elections (CONEL). Dans ce contexte, le principal parti d’opposition, l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (UPADS), a déposé en juillet 2011 des propositions de modification de la loi concernant le redécoupage électoral ou encore le plafonnement des dépenses durant les campagnes. Par ailleurs, l’opposition était parvenue à un accord en décembre dernier afin de retirer aux autorités administratives locales leurs prérogatives au sein des commissions de la CONEL. Cette décision avait été saluée par tous les acteurs politiques du pays, qui estimaient qu’elle contribuait à un début de transparence et d’équité pour les prochains processus électoraux (législatives le 15 juillet, et locales en 2013). Dès lors, certains partis à la base locale désormais solide, tels que lUPADS, semblent constituer une force dopposition capable de déstabiliser lhégémonie nationale du Parti Congolais du Travail (PCT).
Le Flash GEOS
12 juillet 2012