Note de lecture : « Journalistes achetés », « gekaufte journalisten » d’Udo Ulfkotte.
Si vous ne lisez pas l’allemand, mais lisez l’anglais, soyez patients, la seule traduction actuellement existante, en anglais, n’est plus disponible, et seuls quelques exemplaires d’une première édition, « journalist for hire » sont vendus, d’occasion, quelquefois sur Amazon pour 1440 euros… Mais il est annoncée une version anglaise pour bientôt. Sinon toutes les autres traductions seraient bloquées…
L’auteur fut journaliste au FAZ, le réputé « Frankfurter Allgemeine Zeitung », durant 17 ans. Il quitta le FAZ en 2003, écoeuré par une propagande qui, non seulement violait tous les principes du journalisme, mais aussi, au delà de la corruption, de la falsification de la vérité, devenait une machine de guerre de l’OTAN, des oligarchies occidentales. Ce qu’elle poursuit aujourd’hui, et de manière amplifiée.
Le FAZ fut, à l’époque, comparé, en bien, par Marc Bloch dans « l’étrange défaite », à la presse française de la zone dite « libre »…
Quel chemin parcouru !!! Il décrit avec preuves et citations à l’appui, comment, en Allemagne (mais il explique fort bien comment son discours est parfaitement valable pour la France, en citant sources et noms, Bouygues, Delors, Mitterand, Lagardère, DSK, Sarkosy, Rothschild, Royal…), la haute finance, les services secrets US, allemands et britanniques, les politiques, interagissent très étroitement avec les médias de masse, quels qu’ils soient. Dictée de textes, menaces, licenciement, ostracismes, corruption, etc. Il dénonce ceux qui ne savent, devant les faits décrits et avérés (les réunions et les participants à Bilderberg en premier lieu) que répéter le mot « théorie du complot », pour disqualifier ceux qui essayent de sortir ou combattre cet empire du mensonge.
Parmi les « ponts » entre les médias de masse et les pouvoirs économiques, politiques et militaires, un certain nombre d’institutions sont citées (sans aucune exclusive) : En premier lieu Bilderberg, Puis les institutions liées à Rockfeller, Soros, Carnégie, les « prix », en particulier celui de la « liberté », portant le nom de Vernon Walters Award, directeur de la CIA qui orchestra les « très sales coups d’Eta en Iran (1954), au Brésil (1964), au Chili (1973) et la subversion contre les syndicats en Italie durant les années 1960 »… Un autre prix « pour la liberté » camoufle la récompense des fabricants de cigarettes. Nous retrouvons aussi les « young leaders », bien connus en France. Et nous prenons connaissance avec la « fondation Adenauer » et « le pont atlantique », dont la traduction en français serait l’ »Arc Atlantique »…
Dans cette dernière institution, nous trouvons (p164 et 165) comme personnalité primée en 2005, Thomas Enders, directeur d’EADS (il l’est toujours), grand ami des USA. Nous comprenons alors la dérive actuelle d’Airbus, nommant des citoyens US, ayant fait toute une carrière dans l’appareil militaro-industriel des USA, à des postes clés. L’avenir d’AIRBUS est donc clair, accompagnant Alstom, Pechiney, hier, et demain, si la politique actuelle se poursuit, Areva, Dassault, Safran, Ariane espace, et les autres fleurons industriels français (car en réalité la partie allemande est déjà sous contrôle) dans l’orbite américaine.
On devine que les autres intellectuels, artistes, scientifiques, ingénieurs… subissent aussi le même traitement. J’ai pu le constater dans ma carrière de physicien des particules, au CERN notamment dont la directrice actuelle a été invitée à la réunion de Bilderberg 2017, comme la directrice de la biologie au Max Planck Institut. De même Philip Morris donnait en ne cachant pas son nom un prix à des physiciens méritants…
Le livre se lit comme un roman, avec une précision précieuse. Il relate son recrutement, avec l’aide manifeste des services secrets, durant ses études. Il décrit la réalité des journalistes de guerre (il assista au gazage de soldats iraniens dans la guerre Iran-Irak). Il explique comment les effets de l’uranium appauvri fut caché par les médias,ses visites dans les émirats (avec cadeaux ),…
Il annonçait deux autres ouvrages, décrivant plus précisément et plus globalement les méthodes, les agents et les institutions de cette guerre des médias : « je vais vous apprendre quelques trucs avec lesquels les grosses entreprises de Mass Médias mentent à leurs clients publicitaires »… »je donnerai la liste de personnes achetées… ».
Si l’Allemagne actuelle, son pouvoir (de son oligarchie, de son gouvernement), s’exerce sur les autres pays européens de manière tyrannique, la lecture de ce livre, correspondant à ma propre expérience professionnelle (en matière de nucléaire et d’informatique), , amène à voir ce pouvoir comme très contrôlé, encadré, dirigé par « le grand frère », qui correspond au « pouvoir profond US », et occidental.
La première édition de son livre date de 2014, et d’autres suivirent jusqu’en 2015. Au début de l’année 2017, la maladie l’emporta. Son témoignage est donc extrêmement précieux, et nous espérons qu’en notre pays un tel ouvrage soit traduit, et inspire des personnes actuellement impliquées, hélas, dans ce crime de propagande, de trahison et de corruption qui se commet chaque jour, aussi dans notre pays.
Jacques Maillard 20 septembre 2017
Source : Comité Valmy