Le scrutin du 4 octobre dernier a permis la reconduite de la Directrice Générale sortante de l’UNESCO, Madame Irina Bokova, face à son principal challenger Rachad Farah, actuel ambassadeur de Djibouti en France est un échec pour l’Afrique et le monde arabe.
Le scrutin du 4 octobre dernier a permis la reconduite de la Directrice Générale sortante de l’UNESCO, Madame Irina Bokova, face à son principal challenger Monsieur Rachad Farah, actuel ambassadeur de Djibouti en France. C’est peu dire que les gouvernements des Etats membres de cette agence onusienne pour l’éducation et la culture ont manqué une occasion d’adresser un message clair à la communauté internationale dans un contexte particulièrement tendu.
En effet, il s’agit d’un échec de ceux qui n’ont pas complètement gardé à l’esprit que le contexte politique du moment exige qu’une véritable politique internationale de l’éducation et de la culture soit mise en œuvre si l’on veut faire progresser le développement économique et social dans de nombreux pays d’Asie et d’Afrique, ou encore en Amérique Latine, favoriser l’égalité homme/femme, faire reculer le terrorisme et les affrontements ethno-religieux qui sévissent aux quatre coins de la planète ; sur ce dernier point, les attentats récents de Nairobi et Peshawar, ainsi que la situation au Mali et ailleurs, montrent qu’il y a urgence à agir. Face à ces conflits régionaux, la seule solution militaire n’est pas suffisante pour les juguler et par conséquent, une politique à long terme en matière d’éducation, qui soit visionnaire, est indispensable si nous voulons faire avancer la paix dans le monde. Ayons à l’esprit que la jeune pakistanaise, Malala, ne cesse de répéter que son combat pour l’éducation des jeunes filles est considéré par les Talibans comme une menace, au point que ces derniers n’ont pas manqué de vouloir l’assassiner le 9 octobre 2012.
Il s’agit également d’un échec de tous ceux qui hélas n’ont pas plus perçu, qu’en confiant la Direction Générale de l’UNESCO à un africain venu d’un pays arabe modéré, qu’il s’agissait là d’un moyen de casser cette logique d’affrontement entre l’Occident d’un côté et le monde arabe de l’autre ; Logique manichéenne à laquelle malheureusement beaucoup adhérent parce qu’ils ont le sentiment d’être exclus de la gouvernance mondiale.
Mais a contrario, il s’agit d’une belle victoire pour le candidat Rachad Farah et pour la République de Djibouti, pays de la corne de l’Afrique. Il est indiscutable que le candidat malheureux, diplomate expérimenté, grand connaisseur du Japon, avait un projet innovant pour une UNESCO du XXIe Siècle résolument tournée vers les défis de notre temps. Bien plus, cette campagne aura été l’occasion de montrer qu’un petit pays comme Djibouti peut contribuer à la bonne marche des affaires du monde. Un bon moyen de sortir de l’idée suivant laquelle seuls les grands Etats doivent-être en charge des affaires du monde, les petits n’ayant pas droit au chapitre, tout au plus seraient-ils de simples variables d’ajustement.
La voie est donc ouverte pour Rachad Farah et pour Djibouti. A l’avenir nous devons imaginer la participation non seulement de l’Afrique, mais aussi des petits Etats, à une plus forte implication dans la gestion des affaires du monde. On ne peut qu’avoir bon espoir que l’Ambassadeur Rachad Farah pourra continuer à servir la communauté internationale dans d’autres fonctions et être le porte-parole du plus grand nombre tel qu’il a su le faire au cours de cette campagne.
*Jean-Claude BEAUJOUR est Avocat international