«Les Saoudiens sont en train d’adopter une politique basée sur la personnalisation des conflits, précise Najib Mikati. Ils n’aiment pas le Premier ministre Nouri al-Maliki, ils s’en prennent à l’ensemble de l’Irak… »
Le Premier ministre démissionnaire, Najib Mikati, affirme qu’il n’y a aucun conflit personnel entre lui et les dirigeants saoudiens. Mais leur attitude serait liée, selon lui, à la situation dans la région. Il rappelle d’ailleurs que la visite du président Sleiman avait été reportée sans que les Saoudiens donnent une explication précise. En réalité, selon lui, tout le monde s’étonne aujourd’hui de la politique des dirigeants saoudiens. Il faut se rappeler comment ils ont refusé le siège au Conseil de sécurité. «Les Saoudiens sont en train d’adopter une politique basée sur la personnalisation des conflits, précise Najib Mikati. Ils n’aiment pas le Premier ministre Nouri al-Maliki, ils s’en prennent à l’ensemble de l’Irak. Ils n’aiment pas Mohammad Morsi, ils en ont voulu à l’Égypte jusqu’au changement de président. Pourtant, nous devons avoir de bonnes relations avec l’Arabie. S’ils nous font sortir par la porte, nous devons revenir par la fenêtre. C’est notre politique et notre stratégie, indépendamment des personnes.» «Je suis toujours dans la même ligne politique, celle de la modération et de la recherche de l’équilibre avec toutes les parties, affirme-t-il. La politique de distanciation à l’égard du dossier syrien que j’ai prônée depuis le début s’inscrit dans ce cadre.» Qu’en reste-t-il aujourd’hui, avec la participation active du Hezbollah aux combats en Syrie? «Justement, répond Mikati, c’est à cause de la démission du gouvernement que le Hezbollah a envoyé ses combattants en Syrie. Il a considéré avoir perdu le gouvernement et il a compensé ce déséquilibre en participant aux combats en Syrie. De plus, en tant que Premier ministre démissionnaire, je n’avais plus les moyens de les arrêter.» Il préfère insister sur le fait qu’il n’y a aucun conflit personnel entre lui et les Saoudiens, et il rappelle qu’au cours de son dernier voyage, il a rencontré l’émir Saoud al-Fayçal, et même l’émir Salman et l’émir Bandar ben Sultan. Mais il ajoute que ce sont les Saoudiens qui ont changé de politique à l’égard du Liban. Depuis quand laissent-ils les Makassed en difficulté sans intervenir, ou encore Dar al-aytam al-islamiya? s’est-il demandé…
Partage-t-il les accusations du Hezbollah contre certains dirigeants saoudiens sur le plan sécuritaire? M. Mikati est catégorique, les Saoudiens ne sont pas impliqués dans les troubles sécuritaires à Tripoli, ni dans la banlieue sud. Pour la énième fois, il dément avoir financé les milices à Tripoli, précisant toutefois qu’il distribuait des aides sociales, mais il a cessé de le faire depuis cinq mois.
M. Mikati affirme en outre qu’il ira jusqu’au bout dans l’enquête sur la double explosion des voitures piégées devant les deux mosquées de Tripoli parce que c’est son devoir envers les habitants de la ville, lesquels, selon lui, ont rejeté la discorde en refusant d’englober les habitants de Jabal Mohsen dans leurs accusations.
M. Mikati déclare ne pas avoir de relations avec le commandement syrien par respect de la politique de distanciation. Au sujet de rumeurs sur l’envoi d’un message à «Abou Waël» (Mohammad Nassif), il souligne avoir tout simplement pris de ses nouvelles en raccompagnant à la porte un de ses visiteurs, l’ancien ministre Wiam Wahhab.
https://mediaramalb.files.wordpress.com/2013/11/mediarama-460.pdf