L’hebdomadaire colombien Semana a révélé une affaire de corruption sans égal au sein de l’armée. Pots-de-vin, trafic d’armes, détournements de fonds, fausses factures…, soit des millions d’euros qui ont largement profité à des officiers, colonels et généraux aujourd’hui derrière les barreaux. Le scandale est aggravé par celui des écoutes illégales révélées peu auparavant, et dans lequel l’armée est également impliquée. Parmi les bénéficiaires de cette corruption, un colonel accusé dans le cadre de l’affaire des « faux positifs » qui avait éclaboussé l’armée en 2008. Deux mille victimes civiles avaient été assassinées par l’armée, puis vêtues d’uniformes de guérilleros pour la propagande officielle. Or, l’argent détourné a servi à payer les avocats, les témoins gênants – des officiers –, les personnels pénitentiaires pour obtenir des passe-droits.
Le nouveau scandale a entraîné le limogeage immédiat du chef d’état-major qui a incité certains de ses collègues à s’organiser « comme une mafia contre cette connerie » et de six généraux. Au sein de l’état-major, les forces opposées au processus de paix engagé par le président avec les Farc sont actives et puissantes, mais ces révélations et leurs conséquences pourraient bien les affaiblir, à un mois de l’élection présidentielle.