Nouveau président, nouveau style. La décontraction de Xi Jinping et de son épouse, la chanteuse populaire Peng Liyan, lors de leur voyage en Afrique, a marqué les esprits. Et ce voyage d’une semaine fin mars, via la Russie, a été perçu comme un geste fort de la part de la diplomatie chinoise. Sans doute le nouveau président chinois, Xi Jinping, a-t-il saisi l’occasion de sa participation au 5e Sommet des chefs d’États des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine Afrique du Sud) dans ce dernier pays pour élargir sa visite à la Tanzanie et au Congo-Brazzaville et s’adresser au continent africain.
En Tanzanie, pays anglophone avec lequel la Chine entretient les plus anciennes relations en Afrique – ils datent de 1965, sous l’égide de Julius Niyerere, le père du « socialisme à l’africaine » –, le président chinois a souligné la coopération exceptionnelle par son volume et sa qualité. Ouvrant son discours par les salutations traditionnelles en swahili, il a également exprimé les sentiments d’« amitié » avec tous les pays africains, quelle que soit leur importance. « La Chine les traite également et mène activement une coopération pragmatique qui bénéficie aux deux parties », a-t-il déclaré. Beijing se refuse, en effet, à n’être qu’un « pays donateur » et ne s’engage que sur des projets de coopération.
Le président chinois a voulu se démarquer des travers de la politique occidentale en Afrique en déclarant : « Aucune partie ne tente d’imposer sa vue à l’autre », appelant « tous les pays à respecter la dignité et l’indépendance de l’Afrique ». Xi Jiping a en outre assuré que les relations de son pays avec l’Afrique allaient s’intensifier dans le respect « de tous les engagements ». Discours nouveau et réaliste lorsqu’il souligne, néanmoins, qu’il existe chez les dirigeants chinois une vraie prise de conscience des difficultés de la relation Chine-Afrique, relatives notamment à la main-d’œuvre chinoise sur le sol africain, à l’attitude de certaines entreprises chinoise et au fait que la relation économique se situe encore trop souvent dans le cadre d’un échange entre matières premières africaines et produits manufacturés chinois.
À Dar es-Salaam où la Chine a construit le nouveau Centre de conférences Julius-Nyerere inauguré à cette occasion, Xi Jinping a lancé ce message au continent : « La Chine va continuer à étendre ses investissements et poursuivre sa coopération conformément à son engagement de fournir 20 milliards de dollars de crédits aux pays africains entre 2013 et 2015. » Pour ce qui concerne la Tanzanie, seize accords commerciaux, culturels et de développement concernant la réhabilitation d’infrastructures hospitalières et portuaires ont été signés. La Chine construira également… un centre culturel chinois.
« Le développement de la Chine sera une opportunité sans précédent pour l’Afrique de même que le développement de l’Afrique le sera pour mon pays », a répété le président chinois devant le Parlement congolais à Brazzaville où il s’est rendu après le sommet des Brics. C’était la première visite au Congo (4 millions d’habitants) d’un dirigeant chinois depuis l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1964. Avec le président Denis Sassou Nguesso, il a parlé des « moyens de renforcer la coopération » et a inauguré une bibliothèque universitaire dotée d’une médiathèque. Onze accords de coopération ont également été signés. « La Chine est actuellement le plus important partenaire commercial de la république du Congo », a-t-il déclaré – bien qu’officiellement la France soit toujours en tête en tant que partenaire économique et financier. il a souligné que les échanges bilatéraux ont explosé, passant de 290 millions de dollars en 2002 à 5 milliards de dollars en 2012.
Grands travaux de modernisation, centrale hydraulique de Liouesso, nouvelle aérogare, deuxième piste de l’aéroport international de Maya-Maya, bâtiments officiels, hôpitaux, marchés couverts, télécommunications, routes, nouvelles zones urbaines… Les investissements chinois interviennent dans tous les secteurs. Ce sont les principaux groupes chinois d’ingénierie et du BTP qui remportent la plupart des appels d’offres concernant des contrats d’infrastructures lancés par la Délégation générale des grands travaux (DGGT). Ici comme dans d’autres pays africains, la Chine exploite les ressources minières, forestières et le pétrole parmi les plus importantes. En échange, elle finance à long terme la réalisation des projets de développement.