« Je pense qu’un siècle ne suffit pas pour produire un homme qui possède les qualités de Chávez. On ne voit pas tous les jours un pays élire une personne qui possède un engagement différent avec son peuple. » L’ex-président du Brésil Lula Da Silva.
Tandis qu’au ciel, Hugo Chávez, sans perdre une seconde, organise la rébellion des anges, à Caracas comme le prévoit la constitution le vice-président Nicolas Maduro a assumé la présidence de la République. Il sera le candidat du mouvement populaire face à la droite aux prochaines élections. Les sondages lui donnent un niveau de suffrages proche de ceux que recueillent les autres gouvernants progressistes tels qu’Evo Morales, Dilma Roussef, Rafael Correa, etc… Nicolas Maduro n’est pas plus « modéré » que Chavez n’était « dur ». Ces poncifs de journaliste science-po européen oublient comme d’habitude que ce ne sont pas les « experts » mais une population qui décide qui elle souhaite favoriser dans les urnes parmi les divers candidats de gauche et de droite, et que cette population votera en conscience pour un des programmes qui lui sont soumis. Si Nicolas Maduro est élu lors de nouvelles élections présidentielles, il le sera sur la base d’un programme. C’est ce plan en cinq objectifs, déjà approuvé lors de la victoire du 7 octobre 2012 (et qui a suscité l’indifférence médiatique) qui sera soumis au vote, non un look.
Lorsqu’on parle avec les millions de personnes (parmi lesquelles un marcheur nommé Evo Morales) qui forment depuis quatre jours à Caracas des files de plusieurs kilomètres pour rendre un dernier hommage à leur président, on se rend compte rapidement qu’il ne s’agit pas de croyance aveugle comme le prétendent des médias jamais à court de mépris de classe. Tous les peuples latino-américains sont profondément religieux mais il s’agit d’abord d’une réaffirmation d’une culture politique en expansion : la participation citoyenne dans la construction de l’État. Autre caractéristique de cette mobilisation populaire : le mélange de civils et de soldats de tout bord, sans que ceux-ci suscitent la moindre peur parmi les citoyens. Des soldats qui avant Chávez étaient utilisés par l’élite pour réprimer toute rébellion sociale. C’est un autre trait des gouvernements de gauche latino-américains que d’avoir mis fin à cette histoire de disparus, de massacres et d’avoir reconstruit l’humanité, la vocation citoyenne, pacifique des forces armées. Le premier jour sont venus surtout des habitants de Caracas et à partir du deuxième jour, depuis l’intérieur du pays, et même d’Amérique Latine. Piedad Chavez, ex-sénatrice colombienne et militante des droits humains : « Chávez s’est chargé de faire en sorte que le chavisme ne dépende pas de lui, c’est une école de leadership collectif, aujourd’hui il y a des millions de Chávez ».
Ce samedi 9 mars 2013, depuis Quito, Rafael Correa a initié son programme alternatif de radio et télévision en parlant de « cet ami unique, sur qui on pouvait toujours compter, qui fut le président le plus diffamé, le plus attaqué par les élites propriétaires des médias ». Il a rappelé que lorsqu’il voyage en Europe, il se rend compte de l’impact de cette désinformation, quand il entend des jeunes lui parler de « Chávez assassin ». « Voilà ce qu’ils font des présidents qui luttent pour la souveraineté, pour la justice sociale : des assassins ! Et quand je demande : qui a-t-il assassiné ? quel pays a-t-il envahi ?, personne ne peut me répondre. Le fait qu’un visionnaire aussi solidaire, puisse être transformé en criminel, donne une idée de la dictature médiatique en Occident. Nous, nous devons continuer à lutter pour cette Amérique latine en pleine libération. »
Au nom du Mouvement des Sans Terre du Brésil, Joao Pedro Stedile a rappelé lors d’une interview à Telesur ce 9 mars 2013, « le combat commun des Sans Terre et du président Chávez : création d’écoles agro-écologiques, luttes contre les OGM, réforme agraire, souveraineté alimentaire, mais aussi promotion incessante des idées des mouvements sociaux au cœur de l’intégration latino-américaine. Beaucoup de présidents lorsqu’ils arrivent au pouvoir, se croient les maîtres du monde, ne conservent que la bouche et perdent les oreilles. Chávez, lui, en toute simplicité, t´écoutait, cherchait à converser avec toi pour apprendre, écouter ».
Lula da Silva : « Si vous n’existiez pas, vous devriez renaître ! »
« Je pense qu’un siècle ne suffit pas pour produire un homme qui possède les qualités de Chávez. On ne voit pas tous les jours un pays élire une personne qui possède un engagement différent avec son peuple », a pour sa part exprimé l’ex-président du Brésil. « C’était un homme doté de 80 pour cent de cœur et 20 pour cent de raison, comme, je le crois, doivent l’être tous les grands hommes du monde ». Lula a rappelé que Chávez ne pensait qu’à son peuple et surtout aux personnes les plus pauvres. J’ai eu le plaisir de converser souvent avec lui. « Dès le début nous avons noué une relation très forte parce que nous avions de nombreuses affinités. Oui, nous avions des divergences idéologiques mais nous avions beaucoup d’affinités politiques, par exemple sur la relation stratégique entre le Brésil et le Venezuela, comme entre tous les pays d’Amérique Latine. Nous comprenions le rôle des pays pauvres, surtout ceux de l’Amérique du Sud, dans l’affrontement construit avec les pays du nord, surtout dans les questions commerciales et politiques. Tout cela a fait qu’un jour, en 2007, nous sommes passés d’une relation entre présidents à une relation de compagnons. Chávez savait que les raisons d’arriver au gouvernement étaient de faire que le peuple du Venezuela se sente fier, qu’il dispose enfin de droits, de travail, de santé et de la possibilité d’étudier. Il a évidement subi une très forte opposition comme nous l’affrontons tous en Amérique Latine… Chávez a valu la peine non seulement pour ces conquêtes mais pour le symbole que signifia ce qu’il a fait pour son pays : un peuple, les enfants, tous ont repris confiance en eux-mêmes. Un peuple a compris que le Venezuela était beaucoup plus grand que ce que les élites voulaient lui faire croire. Je crois que les idées de Chávez comme celles de Bolívar, vivront longtemps, parce que l’Amérique Latine vit un moment exceptionnel. Et Chavez a beaucoup à voir avec cela : la création de l’UNASUR, de la CELAC, du Conseil de Défense de l’UNASUR, de la Banque du Sud, et de tant d’autres idées qu’ensemble nous jetions sur papier et que nous discutions, pour les concrétiser peu à peu. J’ai eu le plaisir de partager avec lui huit ans de présidence et je ressens la fierté d’avoir construit tant de choses positives avec lui. Et je sens aussi la tristesse de n’avoir pas pu faire davantage. »
Source : Venezuela infos