A peine signé, le cessez-le-feu entre le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra et les rebelles a été violé, notamment aux abords de la ville de Bria, qui a été prise sous les balles et les tirs à l’arme lourde pendant plusieurs jours.
« On pourrait nous attribuer le prix Nobel de l’accord de paix non respecté », commentait amèrement un officiel centrafricain au sortir de la médiation. À peine vingt-quatre après la signature à Rome, le 19 juin, sous l’égide de la communauté catholique Sant’Egidio, d’un énième document actant un cessez-le-feu entre treize des quatorze factions rebelles identifiées, des violences faisaient plus de cent morts à Bria, grande ville du centre-est. « Que de temps et d’argent dépensés en vain, s’énervait à son tour un responsable militaire. Ces gens-là se revendiquent « chrétiens » ou « musulmans » mais en réalité, ils ne sont ni l’un ni l’autre, ce sont des tueurs, des voyous sans aucune ambition politique ou économique, sauf celle consistant à tirer un maximum de profit de la situation. » Et en effet, rien dans leur pratique ou leur mode de vie ne révèle une quelconque appartenance religieuse, pas même animiste. « Sur le terrain, complète ce bon connaisseur de la Centrafrique, ils se battent entre eux pour le contrôle de l’extraction et du commerce de l’or, des diamants et du bois et maintenant, on leur offre des billets d’avion pour l’Italie, on les loge dans des bons hôtels… Ce n’est pas étonnant qu’ils exigent, avant tout désarmement ou réintégration, que soient levées les sanctions financières individuelles et les restrictions sur les voyages ! » Ce sera notamment le cas du chef de guerre Nourredine Adam, absent de la négociation, qui tire ainsi personnellement parti de cette négociation sans avoir eu la moindre intention de mettre fin à ses activités.