Le nouveau gouvernement de Simplice Sarandji offre cinq ministères aux représentants des deux mouvances rebelles qui sont les auteurs des terribles exactions commises dans les provinces.

Simplice Sarandji, Premier ministre
Les Centrafricains sont inquiets, à juste titre : le nouveau gouvernement, nommé le 13 septembre dernier, compte dans ses rangs cinq nouveaux ministres appartenant aux deux principales mouvances rebelles : les ex-Séléka et les Antibalaka. Alors que le pouvoir, les représentants des instances internationale, la population bien sûr, bref : tous savent que ces deux groupes sont responsables des exactions commises en grand nombre dans les provinces centrafricaines chaque jour, mais l’impunité leur est désormais plus ou moins garantie grâce à leurs représentants qui entrent maintenant dans les ministères…
Une fraction du gouvernement continue à affirmer qu’il s’agit là d’une ouverture politique qui ne peut pas manquer d’entraîner l’apaisement et le renouvellement d’une stabilité chèrement conquise et extrêmement fragile. Mais, vu de l’extérieur, on se demande par exemple comment le nouveau ministre des Eaux, forêts, chasse et pêche, membre éminent du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC, ex-Séléka) pourra exercer ses fonctions en toute impartialité alors qu’il est par ailleurs un proche du chef de guerre Nourreddine Adam, dont on sait parfaitement qu’il tire profit de l’exportation illégale de grumes précieuses extraites clandestinement des forêts centrafricaines.
Quant au Rassemblement pour la réconciliation des Centrafricains (RPRC), qui a désormais un représentant au gouvernement en la personne du ministre du Développement, de l’énergie et des ressources hydrauliques, il faut se souvenir qu’il n’est pas parvenu à s’entendre avec le groupe de Nourreddine Adam lorsqu’il s’est agi de restructurer le mouvement Séléka et le transformer en formation politique. Les choses auraient-elles radicalement changées en 2017 ?
Bien sûr, les observateurs ne manquent pas de remarquer à quel point le dialogue politique, en panne depuis des mois, va se trouver faciliter par la seule présence autour d’une même table de conseil des ministres, des représentants de ceux qui sont, sur le terrain, des adversaires voire des ennemis. Mais comment les uns et les autres vont-ils accepter de voir certains de leurs membres, et non des moindres, poursuivis par la Cour pénale spéciale même si celle-ci tarde à être mise en place ? La Centrafrique, avec à sa tête le chef de l’État Faustin-Archange Touadéra, s’engage sur une voie bien difficile et bien étroite.