L’ex-ministre centrafricain a été invité, le 28 décembre, par le président tchadien Idriss Déby à N’djamena afin de contribuer à une issue pacifique de la crise que connaît la Centrafrique depuis l’irruption, le 10 décembre, de la énième rébellion, la Seleka.
Depuis N’djamena, Demafouth appelait aussitôt cette dernière à arrêter sa progression vers Bangui – elle a désormais atteint la ville de Damara, à 160 km au nord de la capitale – et au président Bozizé de ne pas tenter de reprendre ce dernier verrou stratégique.
Demafouth médiateur, ce n’est pas nouveau. Il a déjà mené avec succès les négociations avec le gouvernement au nom de l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD), qui ont abouti en 2008 à un accord général avec l’ensemble des mouvements rebelles. L’APRD, le plus important mouvement armé en nombre d’hommes et qui contrôlait alors de vastes régions agricoles, a été le seul à être totalement désarmé. « Il fallut alors arracher au forceps l’application des accords de paix au gouvernement qui trainait les pieds », rappelle-t-il. Lors de son passage à Paris, il nous a confié sa préoccupation actuelle : « Les dissidences des anciennes rébellions qui se trouvent aujourd’hui réunies dans la Sekela ont vécu des processus de DDR (Désarmement, démobilisation et réinsertion) incomplets ou mal gérés. Il faut remettre tout à plat », avait-il affirmé, alors que la Seleka se trouvait à quelque 300 km de la capitale. Maintenant qu’elle a continué de progresser sans rencontrer la plus petite résistance, et que le pouvoir est critiqué pour sa mauvaise gestion et son aversion à une politique réellement « inclusive », le cahier de doléances de la Seleka s’enrichit tous les jours de nouveaux éléments. Arbitrairement arrêté par les forces de sécurité centrafricaines il y a quelques mois, Jean-Jacques Demafouth connaît le mode de fonctionnement du pouvoir et doit sa survie à son sang-froid. Il connaît également les chefs de file de la Sekela et des groupes qui la composent, dont les dirigeants historiques ont co-signés les accords de paix de 2008 dans lesquels il a joué un rôle de premier plan. Va-t-il pouvoir rééditer cette expérience, comme semble le souhaiter le président tchadien, ancien protecteur de Bozizé ? L’organisation régionale, la CEEAC, qui a décidé de renforcer le contingent militaire sur place, en serait ravie. La réponse est pour bientôt. Mais on peut d’ores et déjà douter que le président Bozizé parviendra à achever son mandat, qui court jusqu’en 2016, sans faire des concessions de taille.