Alors qu’un accord global était prêt à être signé jeudi 10 janvier au soir, le président centrafricain François Bozizé l’a balayé d’un revers de main. « Non », a-t-il signifié aux participants de la réunion de Libreville (Gabon).
Les négociations de Libreville sont allées bon train. En fin de journée, jeudi 10 janvier, un accord global était prêt et les parties en présence disposées à le signer. En effet, tous les partis d’opposition, politiques et politico-militaires, ainsi que les rebelles de la Seleka, étaient tombés d’accord. Les chefs d’Etat des pays observateurs, à savoir le médiateur Denis Sassou Nguesso du Congo, le Tchadien Idriss Déby et l’hôte de la réunion, Ali Bongo du Gabon, avaient donné leur avis, favorable, au texte.
L’accord prévoyait un cessez-le-feu immédiat observé par la Seleka, qui campe actuellement à quelques dizaines de kilomètres de Bangui, la capitale centrafricaine. En échange, les soldats sud-africains appelés en renfort par le président Bozizé devaient se retirer.
Il prévoyait également un remodelage entier du gouvernement, de façon à mettre en place une équipe d’union nationale. La Primature devait être occupée par un membre de l’opposition politique. Le poste de Premier ministre avait alors été proposé à Jean-Jacques Demafouth, puis à Martin Ziguélé, les deux ténors de l’opposition. Mais cette nomination était assortie d’une obligation de ne pas se présenter lors de l’élection présidentielle qui se tiendra en 2016. Les deux hommes politiques l’ont donc refusée. Tous sont tombés d’accord sur la candidature de Me Tiengaï, un avocat reconnu pour ses qualités de gestionnaire et de diplomate.
Par ailleurs, le ministère de la Défense devait revenir à un membre de la Seleka. Quant au portefeuille de ministre de l’Economie, il devait être dévolu à une personnalité neutre, mais néanmoins reconnue pour ses compétences techniques, de façon à rassurer les bailleurs de fonds et les organisations internationales, et commencer à remettre le pays en état de marche.
Mais cet accord parfait s’est trouvé face à une dissonnance majeure ce matin, vendredi 11 janvier. Le président Bozizé l’a refusé en bloc. Non, il ne renoncera pas aux soldats sud-africains qui, selon lui, sont les seuls garants de la sécurité dans Bangui aujourd’hui. Et il ne veut pas de cette équipe remodelée.
Une seule conséquence peut être tirée de ce refus : François Bozizé ne souhaite pas voir la paix revenir en Centrafrique.