Alassane Ouattara, le chef de l’Etat ivoirien, est président en exercice de la Cedeao pour deux ans.
Sans surprise – car tout s’était « tracté » dans les couloirs du sommet de l’Union africaine en janvier, à Addis-Abeba – le 40ème sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réuni les 16 et 17 février à Abuja, au Nigéria, a élu Alassane Ouattara à la tête de l’organisation pour un mandat de deux ans. Premier président ivoirien à ce poste, il succède à Goodluck Jonathan, le président nigérian. Après sa création en 1975, la mission de la CEDEAO a évolué, au cours des années, de la coopération économique et de développement dans tous les domaines au maintien de la paix et à la recherche de la stabilité régionale. La création de la force Ecomog qui a divisé l’organisation et les mésententes autour des conflits de la région ouest de l’Afrique l’ont paralysée pendant de nombreuses années et écartée de sa mission originelle. La mission de Alassane Ouattara ne sera pas plus aisée. Le conflit touareg au Mali, la crise en Casamance, le terrorisme – AQMI (Al Qaeda au Maghreb) ou Boko Haram au Nigeria – la stabilité en Côte d’Ivoire et à ses frontières, et la piraterie dans le golfe de Guinée sont quelques uns des défis auxquels le nouveau président aura à faire face. Alassane Ouattara a défini cinq axes d’action politique : renforcer les institutions, la démocratie, l’État de droit et la bonne gouvernance, mettre en place une structure régionale de contrôle et de certification des processus électoraux, lutter pour la sécurité avec une politique de défense commune et développer les solidarités pour atteindre les objectifs communs. Au plan économique, il mise sur la promotion des infrastructures intégratrices et la mise en place des instruments et des règles communautaires. Des efforts seront faits pour achever la construction du marché commun régional avec la politique économique financière et la monnaie commune, en donnant une place importante au secteur privé international. Enfin, le volet social et la lutte contre la pauvreté viennent compléter cette liste des grands chantiers. Lourd programme qui laisse certains sceptiques. L’élection d’un Béninois à la tête de l’Union africaine ne pourra que renforcer les relations entre les deux institutions continentales. Ouattara n’a pas attendu, une mission conjointe UA/CEDEAO conduite par l’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, doit se rendre au Sénégal pour discuter avec tous les acteurs politiques afin de « promouvoir le dialogue et garantir des élections libres, transparentes et paisibles. »