L’Onu et les Etats-Unis, ancienne puissance occupante de l’Irak, en portent la responsabilité morale et politique de ce crime de masse perpétré par l’armée irakienne contre les habitants du camp Achraf dont ils avaient exigés le désarmement sans lui. Maryam Radjavi, la présidente élue par la résistance iranienne demande le transfert de tous les habitants du camp aux USA.
Dès que l’ampleur du massacre connue, dépassant plus d’une cinquantaine de morts sauvagement exécutés par des escadrons de la mort irakiens sous les ordres de Téhéran, et au fur et à mesure que les nouvelles de ce qui apparaît comme un crime contre l’humanité perpétré contre des réfugiés politiques membres de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple iranien, principal mouvement d’opposition au régime de Téhéran, les réactions indignées commencent à fuser.
Les Nations unies, jouant au Ponce Pilate, affirme, du moins pour l’instant, qu’elles n’étaient pas en mesure de confirmer ces informations, contestées par Bagdad, mais reconnues par Téhéran via ses médias officiels. Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a, de son côté, « fermement condamné » l’attaque et « l’usage meurtrier de la force » contre des populations civiles.
Le bureau du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a annoncé dans la soirée la mise en place d’une commission d’enquête, sans se prononcer sur les circonstances du drame.
« La commission a déjà commencé son travail et cela prendra plusieurs jours », a déclaré à l’AFP Ali al-Moussaoui, le porte-parole de Maliki, qui n’a donné aucun bilan.
Les Moujahidine du peuple, installés de longue date en Irak, ont dénoncé « une attaque meurtrière lancée sur ordre de Maliki » dimanche à l’aube contre leur camp à Achraf, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Bagdad, non loin de la frontière iranienne.
Ils ont fourni les identités de 52 des personnes qui, selon eux, ont été tuées dans un assaut des forces de sécurité irakiennes, précisant que les corps de plusieurs victimes ont été retrouvés « ligotés et fusillés ». Et ils ont diffusé des photos d’hommes abattus au milieu de flaques de sang, certains avec les mains attachées.
« Fusiller des personnes sans armes et sans défense, qui plus est les mains liées dans le dos, relève du crime contre l’humanité », s’est indignée la présidente du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), dont les Moujahidine du peuple sont la principale composante, Maryam Radjavi.
Maryam Radjavi, a demandé aux Nations unies « d’installer des casques bleus de l’ONU à Achraf pour la protection des habitants » ou de les transférer immédiatement aux Etats-Unis., dans un communiqué transmis depuis Paris.
La mission de l’Onu en Irak a annoncé qu’elle enverrait lundi des enquêteurs à Achraf.
Son représentant, Gyorgy Busztin, a condamné la violence dans un communiqué et estimé que le gouvernement irakien « doit fournir une assistance médicale immédiate aux blessés et assurer leur sécurité ».
« Terribles événements »
L’ambassade des Etats-Unis à Bagdad, dans un communiqué, a condamné « les terribles événements » tout en appelant elle aussi les autorités irakiennes à assurer la protection du camp.
Plus tôt dans la journée, un colonel de police irakien avait affirmé à l’AFP que cinq obus de mortier étaient tombés sur le camp, « après quoi des réfugiés en colère ont attaqué les soldats qui assurent la protection du camp ».
Trois soldats ont été tués et quatre blessés au cours d’un échange de tirs, selon la police, qui n’était pas en mesure de dire qui avait tiré les obus de mortier.
Un responsable médical à l’hôpital de Baqouba, non loin de là, a confirmé avoir reçu les corps des trois soldats ainsi que les quatre blessés.
Le responsable irakien en charge du camp, Haki al-Charifi, a pour sa part démenti toute attaque du camp par les forces de sécurité. « Pas un seul soldat n’a pénétré dans le camp d’Achraf », a-t-il déclaré à l’AFP.
Un responsable gouvernemental, qui a requis l’anonymat, a également démenti toute attaque, affirmant toutefois qu’un rapport des services de sécurité faisait état « de combats dans le camp entre des factions différentes » de Moujahidine.
Des « mensonges », selon les Moujahidine, qui évoquent un « massacre » et s’inquiètent du sort de 10 personnes qui auraient disparu. Les affirmations mensongères des officiels irakiens cherchent en fait à camoufler ce crime contre des personnes désarmées par l’Onu et les Etats-Unis.
Le camp d’Achraf hébergeait une centaine de membres des Moudjahidine du peuple. Près de 3.000 autres membres de l’organisation ont été transférés en 2012 d’Achraf à un ancien camp américain, Camp Liberty, à Bagdad.
Les Moudjahidine du peuple ont accusé les autorités irakiennes de chercher à les déloger d’Achraf où, l’approvisionnement en eau et électricité a été coupé il y a 15 jours.
Les deux camps de réfugiés ont déjà fait l’objet d’attaques, par le passé. Des obus de mortiers ont notamment été tirés en février et en juin contre le camp Liberty faisant des victimes.
Les opposants iraniens sont présents en Irak depuis les années 1980. Après l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis, les Moudjaheddines d’Achraf ont été désarmés par les Américains qui avaient pris à leur charge la responsabilité de protéger le camp. Après leur retrait, les autorités irakiennes, sous influence iranienne, s’étaient livrées à un harcèlement permanent pour les pousser à quitter l’Irak en faisant fi de leur statut de réfugiés politiques. Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux s’étaient dérobés à leurs obligations de leur assurer l’asile politique.
L’ONU cherche depuis plusieurs années de nouveaux pays d’accueil pour ces réfugiés politiques iraniens. Soixante et onze d’entre eux ont été accueillis en juin par l’Albanie, et l’Allemagne a promis d’en prendre 100.
Voici les derniers communiqués sur cette tuerie publiés par le Secrétariat du Conseil national de la Résistance iranienne le 1er septembre 2013 :
Attaque armée contre Achraf – N°15
Le nombre des victimes identifiés à 16h00 se monte à 52
Cinq autres martyrs de l’attaque menée par les forces irakiennes aux ordres de Maliki ont été identifiés. De cette manière le nombre des martyrs se montre à 52. Il s’agit de Hossein Soltani, Amir-Hossein Afzal-Nia, Bijun Mirza’i, Nasser Kermanian, et Amir Nazari.
Les autres martyrs sont : Zohreh Ghaemi, Guiti Guivehtchian, Mitra Bagherzadeh, Jila Tolou, Fatemeh Kamiab, Maryam Hosseini, Majid Chiviyari, Azim Naroui, Rahman Manani, Hassan Jabari, Saïd Akhavan et Hossein Rassouli, Nasser Habachi, Ali-Asghar Mechanik, Ali Mahmoudi, Ebrahim Assadi, Mehdi Fatollah Nejad, Alireza Khooshnevis, Mohammad Reza Safavi, Asghar Emadi, Chahram Yasseri, Saïd Nourassi, Seyed-Ali Seyed-Ahmadi, Cyrus Fathi, Heydar Garmabi, Kouroch Saïdi, Ali-Feiz Chabangahi, Hamid Saberi, Nabi Seif, Hadi Nakh-Jiri, Chahrokh Ohadi, Ali-Asghar Ghadiri, Chodja Motavali, Mehrdad Jafarzadeh, Mohammad Gordji, Ghassem Rezvani, Ahmad Boustani, Hossein Madani, Nasser Sarabi, Ghobad Saïdpour, Yasser Hajian, Alireza Pourmohamadi, Ardeshir Charifian, Ahmad Vochagh, Fariborz Cheikholeslam, Hamid Batebi et Hassan Gholampour.
Grève de la faim des habitants de Liberty jusqu’à l’arrêt complet du massacre à Achraf et le déploiement des casques bleus à Achraf et Liberty pour protéger les habitants
A la suite du cinquième massacre des Moudjahidine du peuple d’Iran dans un crime contre l’humanité sans précédent à Achraf, les habitants de Liberty ont entamé le 1er septembre à midi une grève de la faim. Ils ont annoncé :
– Vu que la responsabilité de la protection des habitants d’Achraf et Liberty repose sur le gouvernement américain et l’ONU,
– Vu que dix heures après l’attaque meurtrière des forces aux ordres de Maliki, rien n’a été fait par le gouvernement américain et l’ONU pour arrêter le carnage à Achraf et sauver les otages et les blessés,
– Vu que ni les USA, ni l’ONU, malgré les requêtes répétées des habitants d’Achraf et de leurs représentants, n’ont pris aucune mesure efficace pour la protection des habitants d’Achraf et Liberty ces derniers mois,
– Vu qu’achever des blessés d’un coup de grâce et la tuerie collective des habitants les mains liées derrière le dos, sont des signes évidents de crimes contre l’humanité,
– Vu que ce carnage peut se reproduire çà tout moment,
Ils continueront leur grève de la faim jusqu’à l’arrêt total du massacre à Achraf, la libération et le retour des otages, et jusqu’au règlement de la protection de la population d’Achraf et Liberty. Cette protection des habitants ne se fera qu’avec le retrait des forces irakiennes, l’installation des casques bleus de l’Onu à Achraf et Liberty, et leur transfert aux USA ou en Europe,
Les habitants demandent l’intervention urgente du Conseil de sécurité de l’ONU et que la protection des habitants soit transférés des forces criminelles irakiennes aux casques bleus de l’ONU. Ils soulignent que confier la protection des habitants d’Achraf et de Liberty aux forces irakiennes qui ont jusqu’à présent commis 5 massacre à Achraf et Liberty, relève de la complicité de crime contre l’humanité et que cela doit cesser.
Attaque armée contre Achraf – N°12
Les médias du régime iranien revendiquent l’attaque contre Achraf
Les médias du régime iranien ont reconnu l’attaque criminelle contre Achraf, l’imputant « au peuple et aux forces du jihad irakien », qui désigne la force terroriste Qods.
La télévision d’Etat du régime iranien (la première chaine) dans son journal d’information de la mi-journée a annoncé aujourd’hui : « Des dizaines de membres de l’organisation des Moudjahidine ont été tués dans une attaque du peuple et des forces du jihad irakien à la base d’Achraf. »
La télévision du régime iranien a également annoncé : « Ce matin dans l’attaque menée par un groupe du peuple irakien contre la base d’Achraf au moins 23 membres de l’Organisation des Moudjahidine, dont 7 dirigeants du groupe, ont été tués. Dans cette attaque, au moins 80 membres des Monafeghine (nom péjoratif désignant l’Ompi) ont été capturés et blessés. »
La reconnaissance et la revendication claires de cette boucherie par le régime, alors que le gouvernement irakien, pétrifié par les conséquences internationales de ce crime contre l’humanité, l’a d’abord démenti, puis affirmé qu’il s’agissait d’affrontements internes de l’Ompi. Auparavant aussi, le gouvernement irakien avait aussi voulu faire passer l’attaque du 8 avril 2011 des forces irakiennes contre Achraf, qui avait fait 37 morts, pour des affrontements internes de l’Ompi.
Maryam Radjavi demande l’intervention rapide de l’ONU et des USA pour le transfert de tous les habitants aux USA ou le déploiement des casques bleus de l’ONU à Achraf et Liberty pour la protection des habitants
Maryam Radjavi, présidente de la Résistance iranienne, a qualifié de grand crime contre l’humanité le massacre perpétré aujourd’hui à Achraf sur ordre du fascisme religieux au pouvoir en Iran et par les forces aux ordres de Maliki. Elle a ajouté que fusiller des personnes sans armes et sans défense, qui plus est les mains liées dans le dos, relève du crime contre l’humanité. Le silence face à ce crime constitue de la complicité.
Rappelant l’accord quadripartite (entre le gouvernement américain, l’ONU, le gouvernement irakien et les représentants des habitants d’Achraf) d’aout 2012, et la responsabilité directe de l’ONU et du gouvernement américain, Mme Maryam Radjavi appelé le président américain, le Conseil de sécurité et le Secrétaire général de l’ONU à envoyer de toute urgence des délégations à Achraf, afin d’empêcher le massacre de se prolonger et pour sauver les blessés et les otages
Mme Radjavi a également demandé à l’ONU et au gouvernement américain, dans le cadre de la mise en œuvre de leurs obligations concernant la protection des habitants d’Achraf et de Liberty, soit de les transférer tous aux Etats-Unis, soit d’installer des casques bleus de l’ONU à Achraf et Liberty pour la protection des habitants.
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