Le leader de l’opposition camerounaise, Ni John Fru Ndi, très populaire dans les années de braise (1990-2000) qui ont marqué la fin du parti unique, n’est plus que l’ombre de lui-même. Déjà régulièrement contesté par une catégorie de jeunes militants, le leadership du chairman du Social Democratic Front (SDF) a pris un coup encore plus rude avec les dernières élections sénatoriales, organisées à la va-vite par l’inamovible président camerounais Paul Biya. Non seulement la liste conduite par Fru Ndi dans son fief natal du Nord-Ouest a été balayée par celle du parti au pouvoir, mais, en plus, des soupçons de deal secret entre Biya et Fru Ndi ont circulé, ternissant une image déjà égratignée par des rumeurs persistantes de collusion avec le pouvoir.
Battu dans les urnes, le destin du chairman dépend désormais de son ancien rival, Paul Biya, à qui la Constitution taillée sur mesure offre le loisir de désigner trente membres au Sénat, pour compléter les soixante-dix élus. Selon certaines indiscrétions, Fru Ndi, qui pensait un temps s’imposer avec son élection comme président du Sénat, théoriquement deuxième personnage de l’État, mènerait en coulisse des négociations ardues pour être désigné à ce poste par Paul Biya. Un triste scénario pour un opposant ayant longtemps fait figure d’alternative au « roi fainéant » d’Étoudi, le palais présidentiel camerounais.