À supposer qu’elle ait lieu dans les délais prévus par la Constitution, l’élection présidentielle devra se tenir entre le 27 juin et le 27 juillet 2015. Le président sortant, Pierre Nkurunziza, n’a jamais caché son désir de se représenter pour un troisième mandat, même s’il répète que seul le congrès de son parti, le CNDD-FDD, peut légitimement désigner un candidat. Le parti offrait jusqu’à présent un front uni derrière le chef de l’État, mais il semblerait que le monolithe commence à se fissurer. Trois hauts responsables des services secrets, tous généraux issus des rangs du CNDD-FDD, ont été limogés le 18 février pour avoir pris position contre ce renouvellement de mandat. Est-ce la pression de la société civile, dont un collectif rassemblant plus de 300 associations a fait parvenir une lettre à Nkurunziza pour le supplier de ne pas se représenter ? Est-ce celle des Églises qui, toutes religions confondues, lui demandent la même chose au nom de la préservation de la paix ? Est-ce enfin l’étonnante unanimité de la classe politique, qui voit revenir à grand pas les débordements populaires, prenant pour preuve la manifestation monstre qui a accueilli la libération du journaliste Bob Rugurika, les protestataire scandant un « Nzurunziza dégage » de très mauvais aloi ?