Le bilan est particulièrement lourd : quatre soldats ont été tués sur le coup et cinq autres blessés, dont trois grièvement atteints.
Ils étaient partis hier matin de bonne heure de la FOB (base opérationnelle avancée) de Nijrab, quartier général de la Task Force La Fayette, dans le nord de la province de Kapisa, pour une « opération de contrôle de zone ». Une mission classique de vérification de voies d’accès, en soutien de l’Armée nationale afghane, désormais en première ligne sur le terrain, quand, à 9h10, heure locale (6h40 à Paris), les soldats français sont tombés dans un traquenard.
Patrouillant à pied pour aller au contact de la population, ce qui est devenu rarissime dans cette région très dangereuse d’Afghanistan, ils venaient — selon le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian — « rencontrer des aînés du village » pour étudier avec eux les possibles actions civilo-militaires de développement quand ils ont été victimes d’une « infiltration ».
Des convois systématiquement harcelés
Selon le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur, un kamikaze « déguisé en femme portant la burqa » s’est fait sauter au milieu d’eux. Le bilan est particulièrement lourd : quatre soldats ont été tués sur le coup et cinq autres blessés, dont trois grièvement atteints. Les victimes ont été évacuées en urgence par hélicoptère vers l’hôpital militaire français (lire ci-dessous).
C’est le porte-parole de la police de Kapisa, Ahmad Amdadzaï, qui le premier a révélé l’information de cette nouvelle attaque suicide contre l’armée française dans l’est du pays, en parlant curieusement d’une attaque « contre un convoi français » dans le district de Nijrab. Peu après, l’Isaf (Force internationale d’assistance à la sécurité), la force de l’Otan présente dans le pays, puis l’Elysée confirmaient à leur tour la mort des quatre soldats français et d’un interprète afghan.
Un porte-parole des talibans a de son côté revendiqué l’attaque. « Un fedayin kamikaze s’est fait exploser dans une patrouille à pied française, tuant 12 soldats français et 4 policiers afghans », a précisé dans un communiqué Zabiullah Mudjahid, exagérant, comme souvent, les pertes infligées.
Dans la province de Kapisa, où les Français ont pris position dès l’été 2008, plusieurs vallées comme celles de Tagab, de Bedraou et d’Alasay restent des zones où l’armée nationale afghane (ANA) et les convois de l’armée française sont systématiquement harcelés dès qu’ils sortent de leurs bases. Avec l’appui des Français, les Afghans de l’ANA avaient construit tout récemment lors de l’opération Hunting Spear, fin mai, trois nouveaux postes de contrôle pour tenter de sécuriser la zone. Dans de sérieux accrochages, trois soldats afghans avaient alors été tués et une quinzaine d’autres blessés alors que les insurgés accusaient de lourdes pertes : une douzaine de morts et une vingtaine de blessés.
Le Parisien
| Publié le 10.06.2012, 07h54