Une fois encore, le prix Mo Ibrahim n’a pas été attribué. Aucun ancien chef d’Etat, élu démocratiquement et ayant quitté le pouvoir, ne l’a mérité.
Pour la quatrième fois en cinq ans, il n’y aura pas de lauréat 2013 du prix Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance en Afrique. Pourtant doté d’une enveloppe de 5 millions de dollars à verser sur dix ans, complété par un versement annuel à vie de 200 000 dollars, il n’a pas suscité de vocation… Ce qui signifie, en réalité, qu’aucun ancien chef d’Etat ou de gouvernement africain élu démocratiquement n’a été jugé digne de le recevoir par les membres du comité d’attribution. Ce dernier est composé de personnalités éminentes tel Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations unies, Salim Ahmed Salim, ancien secrétaire général de ce qui était l’Organisation de l’unité africaine (OUA), aujourd’hui Union africaine, mais également deux prix Nobel de la paix : Martti ahtisaari et Mohamed El Baradei. Créé en 2007, ce prix a été attribué à trois reprises : l’année de sa création à Joaquim Chissano, du Mozambique, l’année suivante à Festus Mogae du Botswana et en 2011 à Pedro Pires, ancien président du Cap-Vert. Nelson Mandela est évidemment « hors concours » : il est le « lauréat d’honneur ».
Ce prix a été institué par Mo Ibrahim, un milliardaire anglo-soudanais âgé aujourd’hui de 67 ans, qui a fait fortune dans les télécommunications. Il reste très scrupuleux sur la qualité des lauréats, préférant ne pas attribuer le prix plutôt que de le compromettre en le décernant à quelqu’un qui le ne mériterait pas. Ce prix est destiné à récompenser l’homme qui parvient à réellement changer le destin de sa nation et à sortir ses compatriotes de la pauvreté. « Parfois, on n’en trouve pas », a déclaré Mo Ibrahim au sortir de la réunion de Londres, le 21 octobre. Il refuse cependant d’y voir un problème spécifiquement africain, affirmant qu’il n’y a pas no plus en Europe ou en Amérique un homme qui lui semblerait digne de figurer dans la brève liste des lauréats.