
Une diapositive présentée à l’université du Michigan, comparant le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Hitler reprise par le journal en ligne israélien Times of Israël. (Crédit : Facebook)
Herr Bibi,
Ce p’tit hallo de nouvel an pour te remercier d’avoir donné un coup de boost à ma mèche après huit décennies de plat. Trinquons bro, je suis ému à la culotte, j’ai la goutte qui bout sur mon micro-bout. Pour te faire honneur, j’ai remis mon uniforme de boss piqué du bon vieux svastika. J’en ai même accroché un deuxième sur ma porte : quand on aime, on ne compte pas. Heil, heil, trois fois heil, on est liés comme les deux bras droits tendus d’un bretzel.
Je n’y croyais pourtant plus. Après 45, j’avais la grosse déprime du suicidé, le mou sur la queue du diable. Bon, c’est vrai, depuis ma dernière balle, y a bien eu ce joli coup au Rwanda, mais pas de quoi fouetter la narine : le Tutsi, c’est pauvre, ça n’mange pas de pain, ça se règle en trois mois, sans gaz. Plus récemment aussi, ça a pas mal empesté près de chez toi, en Irak, Libye, Syrie, mais pas folichon le rebeu des mosquées : nauséabond sans plus, une crotte sur les yeux et rien dans le mouchoir.
Ce nouveau siècle, pas seul génocide à croquer. Les grands peintres, ça ne court pas les rues. Certains qui ont essayé se sont emmêlé les pinceaux. C’est que le truc des révolutions colorées, ça ne passe plus. Il est fini ce temps où on pouvait désodoriser l’horreur en pissant des mensonges pastel sur la foule : « l’axe du bien », « l’humanitaire », « le droit d’ingérence », « les armes de destruction massive » et patati, et patata. Même l’ami Ben Baden nous a foutu la poisse… Alors que là, t’envoies du lourd : pas des tours, des villes.
Gaza sous les décombres, la Cisjordanie qui suit, d’autres pays plus loin, demain le monde… Respect mec, la Palestine, ça pue la charogne et les mouches vertes, les peaux tombent en lambeaux, les morts ont le cul qui dessèche pendant que le monde libre continue de dîner en se frottant les roupettes. Même celles de mon chien sonnent l’hallali : enfin, un gars qui sait gérer le carnage ! Avec 10 000 gamins qui pourrissent dans tes charniers, t’as déjà le bronze. Continue à flinguer comme il faut : par tes cinglés sanglants, tu vas bientôt toucher l’argent des 100 000.
Chapeau copain, ce que tu fais dans les camps de nuit, c’est un hommage à la belle étoile. T’as de quoi être fier, tu mènes ta saloperie comme moi en 40 : le monde voit, le monde sait, le monde ferme sa gueule. Tes potes collabos te torchent parce que t’es du peuple élu, le supérieur, la bonne race. L’animal, le dégénéré, celui qui rampe, c’est l’autre. Et cet autre-là, normal : tu l’enfermes, tu l’affames, tu le mets à poil, tu l’extermines. C’est que tu le connais, le refrain, cousin : la barbarie ne bouscule pas la conscience : elle la fige. Un four ne crame pas, il pétrifie. L’immonde n’éveille pas, il éteint.
Allez, dis-le, compagnon de fosse : pour tuer si bien et sans mal, tu l’as forcément lu mon bouquin centenaire : « À qui doit s’adresser la propagande ?… Elle doit toujours s’adresser uniquement à la masse !… Les grandes masses sont aveugles et stupides ». Tu fais plus que mentir au monde, tu fais mentir ceux qui font le monde : les médias, les politiques, les patrons et tous ces chiards qui ont le porte-voix aussi frais que l’anus. Les incrédules qui se demandaient comment on avait pu s’enfiler deux Mondiales atroces ont le remake sous leurs yeux. C’est tout simple : en guerre, l’argent, c’est le nerf : reich et riche, mêmes lettres, même pedigree. Ce n’est pas l’histoire qui se répète, c’est les fous qui la font qui se reproduisent.
Ton kampf, c’est mein combat, l’ami. Tu gangrènes les esprits comme à mon époque, en pipant l’exaltation et la vengeance : « La seule chose qui soit stable, c’est l’émotion et la haine ». Il te manque la moustache mais t’as déjà les dents, suffit d’un coup de brosse entre deux jérémiades : « L’art de tous les grands chefs populaires a toujours consisté à concentrer l’attention des masses sur un seul ennemi. » À la masse qui s’émeut : « 20 000 Palestiniens sont morts », le chef concentre : « Le Hamas est le seul ennemi »… Et la vie continue. Et les roupettes se frottent.
Roue libre mec et bonne année 2024 ! Des fumées de l’enfer, je te regarde et je t’acclame. Poursuis ton chemin en trouant celui de la paix. Ceux qui parlent comme toi ont tout compris, ceux qui se taisent font bien de se taire et ceux qui résistent, tu les ghostes. T’as de qui tenir leader, je suis ton mentor : dégoupille et tire dans le tas. Ces bestiaux des territoires occupés n’ont qu’un destin, l’abattoir : augmente le volume de la cruauté, fais pleurer la vie, éviscère le bonheur. Faut empiler gros, détruire, annihiler. Le million, le million, le million !
Ma team est au garde-à-vous et te fait coucou avec sa paume ouverte. C’est quand tu veux pour discuter de nos passions communes, qui mollardent l’indignité et la folie. On prépare un futur béton pour nos descendants, débarrassé du poids de la raison. Bossons ensemble pour bâtir ce nouveau monde où ça va saigner sévère. Mettons-nous au turbin pour (re)modeler à notre sauce l’histoire de ce lopin de terre à pétrole. Merci encore pour ta visite dans les abysses de l’âme où semer la terreur et la désolation est notre veine. N’est pas monstrueux qui veut. Ici, tu as déjà ta statue. Manque plus que l’or.
Kuss,
Adolf
* Lettre non datée, visiblement signée, brulée par endroits, traduite par Samy Abtroun.